Le cinéma : un medium puissant pour représenter la Shoah
Le cinéma a joué un rôle tout aussi important dans la représentation et la transmission de la mémoire du génocide juif. Les premiers films sur ce sujet étaient des documentaires tournés par les Soviétiques, qui ont été diffusés lors du procès de Nuremberg. Bien que lacunaires, ces documents ont fourni les premières images de l'horreur des camps.
Example: Le film "Nuit et Brouillard" (1956) d'Alain Resnais marque une étape importante en distinguant clairement les camps de concentration des camps d'extermination.
À partir des années 1950 et 1960, Hollywood produit de nombreuses fictions traitant du sujet, comme "Le Criminel" (1946) et "Le Prêteur sur gages" (1965). La série télévisée "Holocauste", diffusée par NBC, raconte l'histoire d'une famille juive allemande et a un impact considérable sur le public américain.
Highlight: La diffusion de la série "Holocauste" aux États-Unis a provoqué un vide dans les rues pendant sa diffusion, déclenchant une vaste politique mémorielle qui s'est concrétisée par la construction d'un musée à Washington et la mobilisation des services de renseignement pour traquer les ex-nazis en fuite.
Certains films ont suscité des débats importants, comme "Kapo" de Pontecorvo en 1960, critiqué par Jacques Rivette pour son esthétisation du sujet. Le film "Shoah" de Claude Lanzmann en 1985 marque un tournant majeur, refusant toute reconstitution ou "fictionnalisation" de la Shoah au profit de témoignages bruts.
Quote: Claude Lanzmann s'oppose à de nombreux cinéastes comme Spielberg ou Benigni, privilégiant une approche plus directe et moins romancée de la Shoah.
Plus récemment, "Le fils de Saul" innove en montrant un membre d'un Sonderkommando d'Auschwitz qui cherche à enterrer son fils, utilisant une caméra subjective pour évoquer l'horreur par le son plutôt que par l'image.
Definition: La Shoah dans la littérature et le cinéma : Ensemble des œuvres littéraires et cinématographiques qui traitent du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, visant à témoigner, commémorer et réfléchir sur cet événement historique.
En conclusion, depuis 1945 et la découverte de l'horreur et de la singularité du crime de génocide, la littérature et le cinéma ont joué un rôle crucial dans la construction de la mémoire collective. L'objectif reste de ne plus jamais revivre de tels événements, en jugeant les criminels, en construisant des mémoriaux et en témoignant par l'écrit et l'image. Soixante-quinze ans après, le devoir moral de faire vivre la mémoire de l'extermination reste d'actualité et nécessaire.