Comment les mémoires de la Seconde Guerre mondiale ont-elles évolué en France depuis 1945 ? Quel a été le rôle de l'historien face à ces mémoires ?
Face aux conflits du passé, la démarche historienne visant l'objectivité est-elle toujours en contradiction avec le travail de mémoire, par définition subjectif ? Les mémoires sont les souvenirs subjectifs du passé fondés sur la sélection, l'affect ou l'oubli du passé, tandis que l'historien s'efforce de reconstruire de manière savante et objective le passé en prenant du recul vis-à-vis des mémoires, dans le cadre d'une discipline scientifique.
Causes profondes et immédiates de la Première Guerre mondiale
En 1919, le traité de Versailles a justifié les sanctions imposées à l'Allemagne en affirmant sa responsabilité dans le déclenchement de la guerre. Les clauses étaient fondées sur le droit et non plus sur la puissance, et ont entraîné des tensions entre l'Allemagne et les alliés pendant l'entre-deux-guerres. Différentes thèses concernant les origines de la Première Guerre mondiale ont été proposées par des historiens tels que Paul Renouvin, Jules Isaac, Lénine et Fritz, mettant en lumière les diverses responsabilités et rivalités économiques entre les puissances.
Mémoires de la guerre et tensions nationales de l'entre-deux-guerres
Après la Première Guerre mondiale, la mémoire de la guerre et les tensions nationales ont été très fortes, avec des discours variés en France et en Allemagne, alimentant les sentiments xénophobes mutuels. L'historiographie, étudiant l'histoire en tant que discipline, a tenté de mettre en lumière les différents points de vue.
Démarche historienne et image de la France après la Seconde Guerre mondiale
La démarche historienne visant l'objectivité repose sur l'usage de sources, de documents, d'archives et d'informations vérifiables. Après la Seconde Guerre mondiale, la France était fracturée entre différents points de vue, avec deux mémoires opposées à la fin de la guerre : la mémoire dominante nationale présentant le régime de Vichy comme illégitime et fausse, et celle remettant en cause ce mythe. Le discours mémoriel a évolué au fil des décennies, confrontant la mémoire aux faits historiques.
Mémoire officielle et évolution de la recherche historique
La mémoire officielle exprimée lors des commémorations a longtemps été marquée par le mythe résistancialiste, mais a évolué à la suite de recherches historiques pointant le rôle complice de l'État français dans la déportation de juifs. Cette confrontation entre mémoire et faits historiques a progressivement fait avancer la connaissance historique et a conduit à une évolution des programmes scolaires. En 1995, Jacques Chirac reconnaît pour la première fois une part de responsabilité de la France dans les crimes de la Seconde Guerre mondiale, marquant une étape importante dans l'acceptation de la vérité historique.
Ainsi, l'importance de la mémoire historique et son évolution dans le cadre de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en France sont indéniables, tout comme le rôle crucial de la démarche historienne dans la reconstruction objective du passé.
