Perspectives philosophiques sur l'identité personnelle

Ce chapitre approfondit les différentes conceptions philosophiques de l'identité personnelle, en se concentrant sur les perspectives de Locke, Hume et Ricoeur.

Selon Locke, la conscience psychologique constitue le critère de l'identité personnelle. Il affirme que la conscience d'être le même dans le temps est ce qui définit notre identité.

Hume, quant à lui, remet en question l'existence d'un moi stable. Il soutient que "le moi" n'est pas une réalité déterminée distincte des impressions de l'esprit, mais plutôt une multitude de perceptions sans unité fixe.

Citation: "Consciousness makes personal identity" - Locke

Paul Ricoeur (1913-2005) propose une approche novatrice pour résoudre les contradictions apparentes dans la conception de l'identité personnelle. Il introduit deux concepts clés :

1. La "mêmeté" (identité-idem) : l'identité du même
2. L'"ipséité" (identité-ipse) : l'identité du soi

Ricoeur développe l'idée d'une "identité narrative" pour réconcilier la permanence et le changement dans l'identité personnelle.

Définition: L'identité narrative selon Ricoeur est une conception de l'identité personnelle où l'individu est à la fois le narrateur, l'objet narré et le lecteur de sa propre histoire.

Cette approche permet de dépasser l'antinomie entre une vision substantialiste (je suis quelque chose qui ne varie pas) et une vision éliminativiste (je ne suis rien de fixe) de l'identité.

Highlight: L'identité narrative offre une solution en affirmant que nous sommes quelque chose (contre l'éliminativisme) tout en reconnaissant que nous changeons (contre le substantialisme).

L'identité narrative et la responsabilité

Ce chapitre explore les implications de l'identité narrative sur la notion de responsabilité, en s'appuyant notamment sur les travaux de MacIntyre.

MacIntyre développe l'idée d'un "concept narratif de soi" ou "soi narratif". Dans cette perspective, le moi est conçu comme un récit dont nous sommes à la fois le personnage principal, le narrateur et le lecteur.

La thèse centrale de MacIntyre lie étroitement l'identité personnelle à la responsabilité :

1. L'identité personnelle implique de rendre compte de soi, ce qui présuppose la responsabilité de soi.
2. Elle implique également de demander des comptes aux autres, présupposant ainsi la responsabilité des autres.

Highlight: La responsabilité est cruciale dans la formation de l'identité personnelle car elle structure notre rapport à nous-mêmes et aux autres.

Cette conception de l'identité narrative souligne l'importance de la responsabilité dans la construction et le maintien de notre identité personnelle.

Les métamorphoses du moi par l'amour

Ce chapitre examine comment l'amour peut profondément transformer notre identité et notre perception du monde.

Claire Marin, dans son ouvrage "Ruptures", décrit les effets transformateurs de l'amour :

• Il change notre vision des choses
• Il modifie notre perception du destin et de l'avenir
• Il nous transforme au point de nous faire sentir comme une personne différente
• Il altère le regard des autres sur nous

Exemple: Le coup de foudre est présenté comme une forme de ravissement qui bouleverse totalement notre avenir et crée un lien nouveau avec une personne.

Le chapitre explore ensuite le "vertige de l'amour", en comparant la relation amoureuse à une forme de dépendance :

Comparaison: La relation amoureuse, qu'elle soit saine ou toxique, implique une forme de dépendance à l'être aimé, similaire à certains égards à une dépendance toxique comme la drogue.

Points communs entre l'amour et la dépendance :

• Une "remise de soi dans les bras d'un autre"
• La participation de l'autre à la construction du moi
• Le fait de se mettre à nu devant l'autre
• La difficulté de la rupture, qui implique la perte d'une partie de notre moi

Le chapitre se termine en abordant le sens de la rupture amoureuse, soulignant son rôle dans la redéfinition de l'identité personnelle.

Définition: La métamorphose du moi dans le contexte amoureux implique une transformation profonde de l'identité, influencée par la relation à l'autre et pouvant être aussi bien constructive que déstabilisante.

Page 4 : L'Amour comme Facteur de Métamorphose

Cette section analyse l'impact des relations amoureuses sur la transformation du moi.

Exemple: Le coup de foudre comme exemple de bouleversement radical de l'identité.

Highlight: La dépendance affective dans l'amour participe à la construction du moi.

Page 5 : La Transformation Sociale du Moi

L'analyse se concentre sur les métamorphoses liées aux changements de classe sociale.

Vocabulaire: La "complexion" désigne l'organisation des caractéristiques physiques et mentales propres à une classe sociale.

Highlight: La désidentification sociale produit une identité flottante ou fluctuante.

Page 6 : L'Aliénation comme Forme de Métamorphose

Cette partie examine le concept d'aliénation selon Marx et ses implications sur l'identité.

Définition: L'Entfremdung (aliénation) désigne le processus par lequel l'homme devient étranger à lui-même.

Highlight: L'aliénation économique et religieuse comme formes principales de transformation négative du moi.

Page 7 : Solutions Économiques et Sociales

La dernière section propose des solutions pour contrer l'aliénation économique.

Highlight: Le revenu d'existence comme moyen de libération de l'aliénation capitaliste.

Exemple: La transformation des besoins humains selon la classe sociale illustre l'impact de l'argent sur l'identité.

Introduction aux métamorphoses du moi

Ce chapitre explore le concept de métamorphose du moi, défini comme toute transformation d'un état vers un autre, qu'elle soit positive ou négative. Il examine la nature du moi dont on étudie les métamorphoses.

Le terme "moi" est d'abord analysé linguistiquement, passant du pronom personnel "je" à un substantif "le moi", une nominalisation attribuée à Descartes.

Deux approches principales du moi sont présentées :

1. Le moi des égotistes, comme Stendhal, qui étudient leur moi singulier et concret à travers l'écriture introspective. Cette approche comporte des difficultés morales (risque d'orgueil) et épistémologiques (tendance à l'embellissement de soi).

2. Le moi des éguologues, initié par Descartes, qui cherchent la nature universelle du moi.

Le chapitre retrace ensuite l'invention historique du concept de moi par Descartes, le distinguant des notions antiques d'âme (psukhé) ou d'intellect (noûs). Des auteurs comme Montaigne, Rousseau et Stendhal ont contribué à l'exploration littéraire du moi.

Définition: Le moi cartésien est conçu comme un sujet pur, indépendant du corps et du monde.

Highlight: Locke approfondit la conception cartésienne en soulignant que la recherche du moi passe par la réflexion, posant la question : "Suis-je le même qu'hier ?"