Fiches Notions Philosophie et Méthode Dissertation

Cette fiche est une introduction aux notions fondamentales de philosophie que vous devrez maîtriser pour le baccalauréat. Elle servira de guide pour approfondir votre réflexion philosophique et vous aidera à structurer vos dissertations lors de l'examen.

Les concepts abordés dans ces fiches vous permettront de comprendre les grandes questions philosophiques et de développer votre capacité à les analyser de façon critique. Vous y trouverez des définitions claires, des explications concises et des exemples concrets pour illustrer chaque notion.

Bon à savoir : Ces fiches ne sont pas destinées à être apprises par cœur, mais à servir d'appui pour développer votre propre réflexion. Appropriez-vous ces concepts en les reliant à votre expérience personnelle.

La Vérité

La vérité, du latin "veritas", désigne la correspondance entre nos jugements et la réalité (ce qui existe indépendamment de nos perceptions). Cette notion s'oppose au mensonge, à la fausseté, à l'illusion et à l'erreur.

Peut-on vraiment affirmer que chacun a sa vérité ? Le relativisme, défendu par Protagoras, soutient que la vérité dépend de la perception de chaque sujet. Dans le Théétète, Socrate évoque que nos sensations peuvent varier d'une personne à l'autre, comme la perception du vent qui peut sembler froid pour certains et pas pour d'autres.

La vérité n'est jamais donnée facilement, elle se conquiert en surmontant plusieurs obstacles :

• L'erreur (mauvaise compréhension)
• L'illusion (croyance fausse que l'on désire croire)
• Le dogmatisme (fermeture d'esprit sans remise en question)
• L'ignorance (manque de connaissance)
• Les préjugés (opinions préconçues basées sur des stéréotypes)

Il est important de distinguer le vrai (jugement en accord avec la réalité) du vraisemblable (qui semble être en accord avec la réalité). Comme l'écrit Boileau : "Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable."

À retenir : Selon Descartes, notre faculté de raison, bien qu'imparfaite, reste notre meilleur outil pour accéder à la vérité. Pour trouver la vérité, il faut réapprendre à penser par soi-même et se libérer des opinions qui, comme le souligne Bachelard, constituent "le premier obstacle à surmonter".

La Vérité (suite)

Pour bien comprendre la vérité, il faut saisir la nature des jugements que nous formulons. Ces jugements peuvent être objectifs (basés sur des faits vérifiables), subjectifs (basés sur nos opinions personnelles), ou moraux (portant sur ce que nous considérons comme juste ou injuste).

Comment pouvons-nous réellement accéder à la vérité ? Plusieurs approches s'offrent à nous :

Le scepticisme affirme que nous ne pouvons rien tenir pour vrai avec certitude. Comme disait Socrate : "Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien." C'est une position qui nous invite à remettre en question nos croyances, mais qui peut aussi nous empêcher d'affirmer quoi que ce soit.

La méthode discursive de Descartes propose une démarche plus constructive :

1. Mettre en doute toutes nos croyances
2. Reconstruire la connaissance à partir de zéro
3. Rechercher des évidences claires
4. Diviser les problèmes en parties plus simples
5. Réassembler pour comprendre le monde sur des bases solides

Le mythe de la caverne de Platon illustre parfaitement les trois efforts nécessaires pour atteindre la vérité :

• Se libérer de ses préjugés (briser ses chaînes)
• Cheminer laborieusement vers la vérité (sortir de la caverne)
• Transmettre son savoir aux autres (retourner dans la caverne)

Mais voulons-nous vraiment connaître la vérité ? Pas toujours ! Selon Pascal, nous préférons parfois les avantages sociaux à la vérité. Et Platon ajoute que nous choisissons souvent le confort des certitudes plutôt que la quête de la vérité, qui peut s'avérer difficile et déstabilisante.

Réfléchissez : Pensez à une situation où vous avez préféré rester dans une croyance confortable plutôt que d'affronter une vérité dérangeante. Qu'est-ce qui vous a retenu ?

La Nature

La nature, du latin "natura", peut être comprise selon trois sens principaux :

1. La nature physique : l'ensemble des espaces et êtres non créés ou transformés par l'homme, comme une forêt vierge. Elle s'oppose à l'artificiel (créations humaines) et à la culture (normes et pratiques d'une société).

2. La nature comme essence : ce qui définit fondamentalement une chose.

3. La nature au sens des lois : l'ensemble des règles physiques et chimiques qui régissent les phénomènes naturels (gravité, sélection naturelle...).

Les philosophes ont développé différentes conceptions de la nature :

Pour Aristote, "la nature ne fait rien en vain" - c'est le finalisme : tout dans la nature a un but, comme les ailes des oiseaux qui sont conçues pour voler.

Descartes et Galilée défendent le mécanisme : la nature fonctionne comme une machine, suivant des causes et effets, sans finalité particulière.

Pascal souligne les limites de notre connaissance : nous ne pourrons jamais comprendre totalement la nature car elle est infinie et complexe, tandis que l'homme est fini.

Pour Kant, la nature est un moyen que les humains peuvent utiliser pour leurs besoins, tandis que l'homme est une "fin en soi" qui possède une dignité particulière.

Hans Jonas développe une éthique de la responsabilité : les humains ont le pouvoir de détruire la nature et donc le devoir moral de la protéger.

Question centrale : Les humains font-ils partie de la nature ou sont-ils à part ? Deux positions s'affrontent. Pour Rousseau, nous faisons partie de la nature car nous en dépendons pour survivre. Pour Kant, nous nous distinguons par notre intelligence unique et notre capacité à créer des technologies que les autres animaux ne peuvent pas développer.

La Technique

La technique, du grec "techné" (fabriquer, produire, construire), peut être comprise selon deux sens :

1. Au sens restreint : l'ensemble des moyens pour parvenir à une fin donnée. Les techniques sont culturelles car elles s'apprennent, comme l'écriture qu'un bébé doit acquérir.

2. Au sens large : la disposition humaine permettant de modifier un environnement, mettant en relation des connaissances théoriques et leur application pratique.

Pour utiliser la technique, nous disposons de notre corps, notre cerveau et notre intelligence. Comme disait Protagoras : "L'homme est la mesure de toutes choses" - nous adaptons nos techniques selon nos besoins et capacités.

La technique a évolué au fil du temps :

• Dans la préhistoire : outils en pierre et maîtrise du feu
• Dans l'Antiquité : poterie, métallurgie (bronze, fer)
• Au Moyen Âge : architecture avancée (châteaux, cathédrales)
• À l'ère industrielle : chemins de fer, transports
• À l'ère moderne : électricité, informatique, médecine avancée

La relation entre nature et technique peut être vue comme une opposition ou comme une harmonisation possible. Certains craignent que la technologie détruise la nature, tandis que d'autres croient qu'elle peut être utilisée pour la protéger.

La technique présente des avantages (facilite les tâches, améliore la qualité de vie, favorise la communication) mais aussi des inconvénients (dépendance, risques pour la vie privée, impact environnemental).

Réflexion mythique : Les mythes de Frankenstein et d'Icare nous mettent en garde contre les dangers de la technique poussée à l'extrême. Le premier nous avertit contre la création de vie artificielle qui pourrait échapper à notre contrôle, le second contre l'arrogance technologique qui défie les limites naturelles. Ces récits nous rappellent que la nature reste souvent plus puissante que nos inventions.

La Liberté

La liberté, du latin "libertas", signifie l'absence de contrainte et la capacité à agir par soi-même. C'est le pouvoir de faire ce qui nous plaît sans se soucier des conséquences de nos actions.

On distingue différents types de libertés :

• Les libertés individuelles concernent l'individu seul (conscience, circulation, propriété, expression)
• Les libertés collectives concernent un groupe (syndicale, réunion, association)

Notre liberté rencontre plusieurs obstacles :

• Le déterminisme physique : nos besoins primaires (manger, dormir) qui doivent être satisfaits avant tout
• Le déterminisme social : l'influence du milieu et les règles sociales qui limitent nos choix
• Le déterminisme psychique : l'influence de notre inconscient sur nos actions (selon Freud)

Les enjeux contemporains liés à la liberté sont nombreux :

• L'autonomie individuelle : pouvoir décider par soi-même, comme dans les choix bioéthiques
• La justice sociale : assurer que chacun ait les mêmes droits et chances
• Les limites de la liberté : ne pas nuire aux autres par l'exercice de sa propre liberté

Selon Descartes, "L'indifférence est le plus bas degré de la liberté". Il distingue entre une liberté faible (l'indifférence, ne pas avoir de préférence) et une liberté forte (faire des choix éclairés). Pour lui, la vraie liberté consiste à choisir ce qui est bon.

Rousseau affirme que "L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté". Être libre, ce n'est pas faire n'importe quoi, mais suivre les règles qu'on s'est soi-même imposées. Si tu te fixes des règles d'étude régulières et que tu les suis, tu es libre car c'est toi qui les as choisies.

Astuce : Pour comprendre ta propre liberté, identifie les moments où tu fais des choix par toi-même versus ceux où tu te sens contraint par des forces extérieures. C'est dans cette tension que se joue l'expérience concrète de ta liberté.

La Religion

La religion, du latin "religare" (lier, attacher), est un ensemble de croyances et de pratiques collectives relatives au sacré. Elle joue un rôle social en créant un lien entre les humains.

Les principales approches philosophiques de la religion sont :

1. Le théisme : croyance en un ou plusieurs dieux, appuyée sur différents arguments :

   • Argument cosmologique : tout a une cause, donc l'univers a une cause (Dieu)
   • Argument téléologique : le monde est si complexe qu'il doit avoir été créé par une intelligence supérieure
   • Argument ontologique : Dieu est parfait, donc il doit nécessairement exister

2. L'athéisme : rejet de l'existence de dieu, expliquant le monde par la science et la raison

3. L'agnosticisme : position selon laquelle on ne peut pas savoir si dieu existe ou non

Les grands enjeux philosophiques liés à la religion concernent :

• La relation entre foi et raison : peut-on croire en Dieu tout en utilisant la logique ?
• L'éthique religieuse : les religions dictent ce qui est bien ou mal, mais peut-on déterminer cela sans religion ?
• La superstition et la laïcité : la différence entre religion et superstition, et la neutralité de l'État en matière religieuse

Pourquoi croyons-nous ? Plusieurs explications existent :

• Selon Caillois, croire en des forces magiques nous rassure
• Selon Sextus Empiricus, la croyance est utile pour gouverner
• Selon Beauvoir, nous sommes attirés par des discours pleins d'espoir

La religion rend-elle l'être humain meilleur ?

• Marx voit la religion comme un refuge face à des conditions de vie difficiles
• Kant pense que la religion, en cultivant des attitudes pieuses, forme le caractère moral

Question personnelle : Peut-on ne croire en rien ? Selon Hume, les humains cherchent naturellement un sens à leur existence, ce qui les pousse vers la croyance religieuse. Diderot affirme qu'on peut rester moral sans croire en Dieu. Et vous, qu'en pensez-vous ?

L'Art

L'art, du latin "ars" $habileté, savoir-faire$, désigne une activité humaine technique et créative visant à produire des œuvres harmonieuses et esthétiques. Au sens large, l'art inclut toute activité nécessitant une maîtrise technique, comme peindre, jouer d'un instrument ou sculpter.

L'art se manifeste sous de multiples formes : architecture, sculpture, peinture, musique, littérature, danse, cinéma, théâtre, photographie, etc. Il implique des compétences techniques et parfois un savoir-être particulier.

Une distinction importante existe entre l'artiste qui crée des œuvres pour être contemplées, et l'artisan qui produit des objets fonctionnels selon une méthode établie.

Selon Kant, "Est beau ce qui plaît universellement sans concept". Pour lui, la beauté touche tout le monde naturellement, sans besoin de réflexion. Le génie artistique se manifeste par des idées originales qui surgissent spontanément, comme venues d'ailleurs.

Platon considère que "L'art est l'illusion d'une illusion". Pour lui, l'art imite la réalité, qui est déjà une imitation de la vérité. L'art nous éloigne donc de la connaissance véritable et peut nous faire préférer un monde imaginaire à la réalité.

Pour Hegel et Bergson, l'œuvre d'art est une manifestation du divin à travers l'homme créateur. L'art élargit notre compréhension de la réalité en nous donnant accès à des vérités profondes.

Freud voit l'art comme une expression de l'inconscient, un moyen de libérer des désirs et émotions refoulés.

La beauté fait-elle une œuvre réussie ? Hannah Arendt affirme qu'une belle œuvre reste belle avec le temps, tandis qu'Umberto Eco souligne que même les choses laides peuvent être esthétiquement intéressantes.

Réflexion artistique : Devons-nous toujours chercher un message dans l'art ? Poe pense que l'art doit être apprécié pour lui-même, sans chercher de message caché. Nietzsche estime que même sans message moral, l'art nous fait réfléchir et ressentir des émotions. La prochaine fois que vous contemplerez une œuvre, essayez d'abord de la ressentir avant de l'analyser !

La Justice

La justice, du latin "justicia" (équitable, exact), désigne ce qui est juste, conforme au droit et aux lois. C'est la vertu qui exige le respect du droit et de la morale, impliquant que les actions humaines soient sanctionnées ou récompensées selon leur mérite.

Concernant l'égalité et l'inégalité, deux positions s'affrontent :

• L'égalitarisme : la justice doit offrir les mêmes opportunités à tous
• Les critiques de l'égalitarisme : les différences individuelles (talents, efforts) doivent être reconnues et récompensées

L'utilitarisme considère qu'une action est juste si elle maximise le bonheur du plus grand nombre. Ses critiques pointent qu'il peut sacrifier les droits individuels au profit du bien-être collectif.

Les enjeux contemporains liés à la justice sont nombreux :

• Les droits de l'homme (protection des droits fondamentaux)
• La justice sociale (redistribution des ressources, réduction des inégalités)
• La justice intergénérationnelle (environnement et durabilité)
• La justice morale (respect des valeurs morales)
• La justice légale (respect des lois)

Selon Rawls, la justice sociale repose sur deux principes : l'égalité des chances (accès aux positions sociales sans désavantage lié aux conditions de départ) et la distribution juste des richesses.

Pour Hobbes, "l'homme est un loup pour l'homme" - sans lois, les gens se comportent comme des prédateurs les uns envers les autres. La justice n'existe pas naturellement, elle naît avec les lois dans une société organisée.

Existe-t-il un désir naturel de justice ? Rousseau pense que l'être humain éprouve naturellement de la pitié, un sentiment qui nous pousse à éviter l'injustice. À l'inverse, Platon suggère que l'humain n'est juste que par contrainte et peur de la sanction.

Débat éthique : Peut-on désobéir aux lois au nom de la justice ? Si la justice se définit par les lois, alors non. Mais si la justice est un principe moral supérieur, alors peut-être. Hobbes et Spinoza s'opposent à la désobéissance, tandis qu'Arendt défend la légitimité de la désobéissance civile face à des lois injustes. Qu'en pensez-vous ?

La Méthode de la Dissertation

La dissertation philosophique demande une préparation rigoureuse avant même de commencer à rédiger. Voici les étapes essentielles :

1. Identifier les notions clés du programme liées à votre sujet et les définir brièvement pour vous assurer de bien comprendre leur signification.

2. Analyser les termes du sujet en examinant attentivement chaque mot pour saisir ce qu'implique la question posée.

3. Positionner le sujet en le considérant comme une affirmation :

   • Est-ce tenable ? Trouvez des arguments et exemples qui soutiennent cette position
   • Est-ce discutable ? Identifiez des arguments et exemples qui la remettent en question

4. Problématiser le sujet en identifiant les questions fondamentales et les enjeux qui en découlent. Cette étape vous permet d'explorer les aspects complexes et controversés du sujet.

5. Formuler une problématique qui va au-delà de la simple reformulation de la question. C'est la question centrale qui guidera votre analyse.

6. Construire votre plan avec trois grandes parties, chacune divisée en sous-parties comportant vos idées, arguments et exemples.

Pour la rédaction, votre introduction doit inclure :

• Une accroche (facultative)
• La formulation exacte de la question
• L'analyse de la position du sujet
• La définition des termes clés
• Une remise en question de la position initiale
• Votre problématique
• Les enjeux de la question
• L'annonce de votre plan

Conseil pratique : Lors de la rédaction, n'écrivez jamais les titres de vos parties et sous-parties. Utilisez des alinéas pour marquer le début d'une nouvelle sous-partie et sautez une ligne entre les grandes parties. Votre travail doit être fluide et ne pas ressembler à un plan détaillé.