Histoire et mémoire face aux massacres de masse

Ce chapitre examine comment l'histoire et la mémoire abordent les massacres de masse, en particulier à partir du XXe siècle.

L'émergence de la conservation des témoignages et des archives a permis de mettre en lumière l'existence de ces atrocités. Plusieurs facteurs ont contribué à la multiplication des massacres de masse :

1. Les épisodes coloniaux
2. L'absence de reconnaissance des droits des peuples
3. Le développement des thèmes racistes (croyance en une race supérieure, xénophobie)

Highlight : C'est à partir de la Seconde Guerre mondiale qu'on décide de punir les responsables des crimes de guerre.

Cette décision s'accompagne de la création d'un organisme international chargé de maintenir la paix, initié lors de la conférence de Moscou en 1943, signée par la Chine, l'URSS, les États-Unis et le Royaume-Uni.

Exemple : La déclaration des atrocités du 1er novembre 1943 par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS prévoit de poursuivre les auteurs des crimes de masse et de tenir des procès dans les pays où se sont déroulés les faits.

Définition : Un génocide est un crime consistant en l'élimination concrète intentionnelle, totale ou partielle, d'un groupe national, ethnique ou religieux.

L'ONU reconnaît officiellement trois génocides :

1. Le génocide arménien $1915-1916$ perpétré par l'Empire Ottoman
2. Le génocide juif $1942-1945$ dirigé par l'Allemagne nazie
3. Le génocide tutsi (1994) par le pouvoir Hutu au Rwanda

Cependant, d'autres massacres de masse ne sont pas reconnus comme génocides, tels que :

• Le massacre des Hereros et des Namas par l'Allemagne $1904-1905$
• Le massacre des Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale (350 000 à 500 000 victimes)
• Le massacre des Cambodgiens par les Khmers rouges (2 millions de morts)

Vocabulaire : Le révisionnisme et le négationnisme sont des concepts qui remettent en question ou nient l'existence de ces crimes contre l'humanité.

Histoire et mémoire des conflits : les causes de la Première Guerre mondiale

Ce chapitre aborde le débat historique et les implications politiques concernant les causes de la Première Guerre mondiale.

Highlight : L'interprétation des causes de la Première Guerre mondiale a fait l'objet de lectures partisanes et biaisées.

Une vision marxiste de l'histoire propose une explication des origines du conflit :

Selon Marx et Engels, les événements historiques ne sont pas déterminés par des idées mais par des rapports sociaux. Cette conception peut s'appliquer à l'analyse des causes de la Première Guerre mondiale.

Définition : L'impérialisme est une stratégie et une doctrine politique visant à étendre la domination d'un État sur d'autres territoires.

Dans cette perspective, la Première Guerre mondiale n'est pas seulement un conflit entre États, mais elle est provoquée par l'impérialisme et les rivalités économiques entre les grandes puissances.

Exemple : La course aux colonies et la compétition pour le contrôle des ressources naturelles ont exacerbé les tensions entre les nations européennes avant 1914.

Cette interprétation marxiste met l'accent sur les facteurs économiques et sociaux plutôt que sur les seules décisions politiques ou diplomatiques pour expliquer le déclenchement de la guerre.

Vocabulaire : La mémoire collective joue un rôle important dans la façon dont les différentes nations ont interprété et commémoré les causes et les conséquences de la Première Guerre mondiale.

L'étude de l'histoire et mémoire des conflits permet ainsi de mieux comprendre les multiples facettes et interprétations des événements historiques majeurs, en confrontant les récits officiels, les mémoires individuelles et collectives, et les analyses historiques critiques.

Histoire et mémoire : définitions et différences

Ce chapitre introduit les concepts fondamentaux d'histoire et de mémoire, en soulignant leurs différences essentielles selon divers penseurs.

Antoine Prost, historien français contemporain, établit une distinction claire entre histoire et mémoire dans son ouvrage "12 leçons sur l'Histoire" (1996). Selon lui, la mémoire isole un événement de son contexte et cherche à le préserver de l'oubli, tandis que l'histoire vise l'objectivité.

Citation : Hérodote, historien du Ve siècle av. J.-C., affirmait que "l'Histoire est une procédure de vérité" associée à un discours critique.

Pierre Nora, autre historien français contemporain, propose une définition dans "Les lieux de Mémoire" $1984-1992$ :

Citation : "La mémoire c'est ce dont on se souvient, ce sont les souvenirs d'un individu, d'une collectivité, alors que l'histoire c'est un récit distancié et objectif des faits passés."

Cette distinction met en lumière le caractère individuel de la mémoire face à la nature collective de l'histoire.

Définition : La mémoire collective, concept développé par Maurice Halbwachs en 1925, se construit en fonction des enjeux du présent.

Le philosophe Paul Ricoeur apporte une nuance supplémentaire en distinguant différents types de mémoire : "empêchée", "manipulée" et "obligée". Il invite à effectuer un "travail de mémoire" plutôt qu'un simple "devoir de mémoire".

Vocabulaire : Le résistancialisme, néologisme inventé par l'historien Henry Rousso en 1987, désigne la tendance à surestimer l'importance de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ce concept illustre les conflits de mémoire autour de la Résistance, opposant notamment les communistes et les gaullistes sur la paternité de ce mouvement.

Exemple : Le film "Lacombe Lucien" de Louis Malle (1974), mettant en scène un Français qui rejoint la Gestapo, a suscité la controverse en révélant la mauvaise conscience de la France.

Highlight : L'histoire, en tant que science, étudie les faits de manière critique. L'historien utilise la mémoire comme source, mais la confronte à d'autres éléments pour garantir l'objectivité.