La réussite du stratagème et les réactions d'Araminte
Face à cette querelle orchestrée, Araminte tente de dissimuler son trouble par une apparente indifférence. Elle minimise l'importance de l'affaire avec des questions rhétoriques comme "que m'importe ?" et "cela vaut-il la peine qu'on en parle ?", qualifiant le portrait de simple "vieux tableau qu'on a mis là par hasard".
Madame Argante, mère d'Araminte, intervient d'un "ton aigre" en ordonnant que le tableau soit retiré, rappelant ainsi son opposition au rapprochement entre sa fille et l'intendant. Sa réplique "votre intendant se passera bien de ses contemplations" révèle sa connaissance des sentiments de Dorante et son désir de favoriser le mariage avec le Comte.
La réponse d'Araminte est particulièrement révélatrice : "je ne pense pas qu'il les regrette", accompagnée d'un sourire et d'un "ton railleur". Cette phrase à triple sens dévoile subtilement ses sentiments tout en maintenant une apparence de détachement. Le congédiement rapide des valets confirme qu'elle est touchée par la situation.
Point important : L'efficacité du stratagème dans Les Fausses Confidences se mesure à l'embarras d'Araminte et à sa résistance face à sa mère. Cette scène annonce la scène 13 où, prise au piège, Araminte devra inventer sa propre ruse en écrivant une fausse lettre au Comte.
Marivaux excelle dans cette analyse linéaire de l'acte 2 scène 10 à montrer comment un simple accessoire - le tableau - devient l'instrument d'une manipulation psychologique complexe. Le langage, les silences et les réactions des personnages révèlent les enjeux sociaux qui se cachent derrière cette intrigue amoureuse.