Le bilan d'une ambition entravée
Dans cette partie du monologue de Figaro, le personnage dresse un bilan amer de sa vie et de ses ambitions frustrées. Le présentatif "me voilà" suivi de la périphrase péjorative "le sot métier de mari" montre que Figaro reste un personnage comique malgré sa situation tragique, associant le mariage à la tromperie.
L'ironie de Figaro sur son propre sort est perceptible dans le complément circonstanciel d'opposition "quoique je ne le sois qu'à moitié" suivi d'une modalité exclamative. La didascalie "il s'assied sur un banc" souligne physiquement l'abattement de Figaro face à son destin.
Example: Figaro se livre à un autoportrait à travers une analepse, révélant ses origines modestes : orphelin et enfant du peuple, il a nourri l'ambition de s'élever socialement mais s'est heurté à l'imperméabilité des classes sociales.
Cette opposition entre le lexique de la volonté et celui de l'échec subi illustre parfaitement les obstacles insurmontables auxquels Figaro a été confronté tout au long de sa vie.
La dénonciation de la censure
Dans la dernière partie de son monologue, Figaro apparaît clairement comme le double de Beaumarchais. Le champ lexical du théâtre ("comédie, mœurs, auteur, vers") crée une mise en abyme qui fait de Figaro le porte-parole de l'auteur, témoignant des difficultés liées au métier d'écrivain et à sa liberté restreinte.
Vocabulary: La censure : pratique de contrôle et de suppression de l'information, notamment des œuvres artistiques et littéraires, par les autorités.
Beaumarchais dénonce vigoureusement le rôle de la censure à travers les propos de Figaro. Le champ lexical de la liberté d'expression ("je broche, fronder, sans scrupule") s'oppose à celui de la censure ("un envoyé, de je ne sais où, se plaint, j'offense, pour plaire, meurtrissent"), mettant en lumière les contraintes imposées aux écrivains de l'époque.
L'énumération hyperbolique des conséquences absurdes et démesurées de la censure souligne le pouvoir excessif des puissants. La proposition verbale "ne pouvant avilir l'esprit, on se venge en le maltraitant" dénonce l'injustice et la brutalité des dirigeants envers les intellectuels.
En conclusion, ce monologue cynique permet à Beaumarchais, à travers la souffrance et la désillusion de Figaro, de prononcer une critique implicite mais puissante de la société. Figaro, à la fois sombre et comique, incarne l'idéal des Lumières et devient le porte-parole d'un auteur révolté. En jouant avec les conventions théâtrales et en assumant l'artificialité du théâtre, Beaumarchais surprend le spectateur et donne une grande portée à sa critique sociale.