Analyse du Spleen LXXVIII
Le premier mouvement du poème décrit un paysage-état d'âme qui révèle une montée progressive du spleen. Baudelaire utilise des images saisissantes comme le ciel qui "pèse comme un couvercle" et "verse un jour noir plus triste que les nuits". Ce choix de termes anti-poétiques et de sonorités désagréables traduit l'hostilité du monde environnant.
L'Espérance est personnifiée et comparée à "une chauve-souris" qui bat "les murs de son aile timide" - métaphore qui symbolise le dernier espoir qui s'évanouit. Le champ lexical de l'emprisonnement domine avec des mots comme "cachot", "prison", "barreaux", et culmine avec l'image des "araignées" qui tendent "leurs filets au fond de nos cerveaux".
Le deuxième mouvement marque le paroxysme de la crise et la victoire définitive du spleen. Les "cloches" qui "sautent avec furie" créent une rupture brutale dans la monotonie du poème. L'hallucination s'intensifie avec des images macabres : "de longs corbillards, sans tambours ni musique, défilent lentement dans mon âme".
🔍 Le poème se termine sur l'image puissante de "l'Angoisse atroce, despotique" qui plante "son drapeau noir" sur le crâne du poète - métaphore qui symbolise la victoire définitive de la mélancolie et du désespoir.
La progression du poème est remarquable : du paysage extérieur triste et pluvieux, on pénètre progressivement dans l'intériorité du poète jusqu'à atteindre sa conscience tourmentée. À travers ce commentaire composé sur le Spleen LXXVIII, on comprend comment Baudelaire transforme sa souffrance en création poétique - processus de sublimation qui donne à ce poème son effet de miroir.