Le sacrifice et la transfiguration
Le deuxième paragraphe marque le basculement tragique avec la balle personnifiée, qualifiée de "traître", qui atteint Gavroche, ce "feu follet". Ce terme n'est pas anodin dans la lecture analytique de la mort de Gavroche : il évoque ces lumières spontanées qu'on associait aux esprits, annonçant sa transformation.
La chute de Gavroche déclenche un cri collectif de la barricade, reflet de l'émotion du lecteur. Hugo utilise alors un parallélisme de construction saisissant : "pour le gamin toucher le pavé, c'est comme pour le géant toucher la terre", comparant Gavroche à Antée, ce géant de la mythologie grecque qui reprenait ses forces au contact de la terre.
La métamorphose continue avec une dimension christique : Gavroche meurt "bras en l'air", évoquant la crucifixion, devenant ainsi un avatar divin des misérables. Sa dernière chanson, évoquant Voltaire et Rousseau, ancre ses convictions politiques dans l'héritage de la Révolution de 1789.
🔍 Les figures de style dans "La mort de Gavroche" créent un véritable réseau symbolique : métaphores, personnifications et oxymores transforment cette mort en sacrifice héroïque.
Le troisième paragraphe atténue la réalité insoutenable par des euphémismes - "Il n'achève point... ne revint plus" - évitant de nommer directement la mort. L'oxymore "petite grande âme" condense tout le paradoxe de Gavroche : petit par sa condition sociale mais grand par son courage, devenu symbole immortel de résistance dans Les Misérables.