Gargantua, le célèbre roman de François Rabelais, présente une critique satirique de la société du XVIe siècle à travers l'histoire d'un géant et de son éducation.
L'œuvre s'ouvre avec un Prologue énigmatique qui établit le ton satirique et humaniste du roman. Le narrateur y compare son texte à un os qu'il faut "briser" pour en extraire la "substantifique moelle", invitant les lecteurs à chercher un sens plus profond au-delà de la surface comique. L'analyse linéaire du texte révèle plusieurs niveaux de lecture, allant du divertissement pur à la critique sociale acerbe.
L'éducation de Gargantua occupe une place centrale dans l'œuvre, particulièrement visible dans les chapitres 13 à 23. Le contraste entre l'éducation sophiste initiale, représentative de l'enseignement médiéval sclérosé, et l'éducation humaniste ultérieure illustre les idéaux pédagogiques de la Renaissance. Le chapitre 21 présente notamment l'emploi du temps idéal selon les principes humanistes, où l'exercice physique s'allie à l'étude des lettres et des sciences. Le chapitre 23 démontre l'importance de l'observation directe et de l'expérience pratique dans l'apprentissage, en opposition aux méthodes scolastiques basées sur la simple mémorisation.
L'œuvre culmine au chapitre 45 avec la fondation de l'abbaye de Thélème, utopie rabelaisienne où la seule règle est "Fais ce que voudras". Cette conclusion synthétise l'idéal humaniste d'une éducation libérale menant à une vie vertueuse par choix plutôt que par contrainte. À travers les différents chapitres, Rabelais développe une vision novatrice de l'éducation et de la société, critiquant les institutions de son époque tout en proposant un modèle alternatif basé sur la liberté, la connaissance et l'épanouissement individuel.