La scène de retrouvailles à l'église Saint-Sulpice est un moment crucial dans Manon Lescaut.
Dans cette œuvre majeure du XVIIIe siècle, l'abbé Prévost dépeint la rencontre bouleversante entre Desgrieux et Manon, qui marque un tournant décisif dans leur relation tumultueuse. La scène se déroule dans le cadre solennel de l'église Saint-Sulpice, où Desgrieux, devenu homme d'église, tente de se reconstruire après avoir été abandonné par Manon. Cette dernière, poussée par un mélange d'amour sincère et de manipulation, vient perturber sa retraite spirituelle. Le conflit entre la vocation religieuse et la passion amoureuse atteint son paroxysme dans cette scène, illustrant parfaitement les thèmes centraux du roman : le combat entre la raison et les sentiments, entre le devoir et le désir.
L'explication linéaire de ce passage révèle la complexité des personnages et la profondeur de leur relation. Manon, symbole de l'infidélité et de l'inconstance, parvient une fois de plus à séduire Desgrieux malgré ses résolutions. La scène est construite comme un crescendo dramatique, où les émotions s'intensifient progressivement jusqu'à la chute finale de Desgrieux, qui abandonne sa vocation religieuse pour suivre à nouveau son amante. L'auteur utilise des procédés littéraires sophistiqués pour traduire le bouleversement intérieur de Desgrieux : le champ lexical religieux s'entremêle avec celui de la passion, les métaphores et les hyperboles soulignent l'intensité des sentiments, et le rythme de la narration s'accélère jusqu'au moment fatidique où Desgrieux succombe à son amour pour Manon. Cette scène illustre parfaitement le style du roman du XVIIIe siècle, où l'analyse psychologique des personnages se mêle à une intrigue riche en rebondissements.