Analyse de "Vénus anadyomène" - La description parodique du corps féminin
Structure et problématique
"Vénus anadyomène" est un sonnet atypique d'Arthur Rimbaud, composé en 1870 dans les Cahiers de Douai. La problématique centrale explore comment, à travers la double parodie de Vénus et du sonnet, Rimbaud propose une réflexion sur l'écriture poétique.
Les quatrains : surgissement progressif et description dégradée
Dans le premier quatrain, Rimbaud présente une vision choquante:
- Comparaison initiale : "comme un cercueil vert en fer blanc" v1 qui établit d'emblée un cadre macabre
- Mise en relief de la "tête" par un contre-rejet v1
- Description physique sous forme de contre-blason avec les cheveux "pommadés" v2
- Émergence "lente et bête" v3 d'une simple "femme" et non d'une déesse
Concept clé : Le contre-blason est une technique où Rimbaud inverse la tradition poétique qui célèbre la beauté féminine, présentant ici une Vénus grotesque et vulgaire.
Le deuxième quatrain poursuit cette description descendante avec:
- L'utilisation répétée de "puis" v5,v7 pour marquer la progression
- Des termes péjoratifs comme "col gras et gris" v5 et "dos court" v6
- Une animalisation de Vénus par l'emploi du terme "col" au lieu de "cou"
- Des allitérations en "gr" et paronomases "gras/gris" renforçant l'aspect désagréable
- La métaphore de "la graisse en feuilles plates" v7−8 soulignant la lourdeur du corps
Cette description établit une opposition frontale avec la représentation traditionnelle de Vénus dans l'art classique, créant ainsi un effet de surprise et de provocation caractéristique de l'écriture rimbaldienne.