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27/12/2021
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Explication de texte n°5: «< Ode inachevée à la boue » (extraits), Francis Ponge, Pièces (1962) Introduction : Francis Ponge est un poète singulier au XXe siècle. Le titre de son recueil le plus célèbre, Le Parti pris des choses (1942), indique en effet son projet poétique : il s'agit pour le poète de prendre le parti des choses, c'est-à-dire de s'intéresser aux objets, en somme à tout ce qui ne paraît pas digne de faire l'objet d'un poème. Ponge consacre ainsi des poèmes en prose au pain, à une huître, une orange ou encore un cageot et cherche à montrer la beauté de ce qui peut paraître insignifiant. << Ode inachevée à la boue » est un poème en prose publié dans le recueil Pièces. Son titre montre que Ponge y retrouve le projet du Parti pris des choses : l'ode est en effet un genre poétique antique destiné à célébrer un héros mais il s'agit dans ce poème de célébrer la boue, autrement dit une réalité triviale et plutôt repoussante. On montrera comment, à travers cette ode à la boue, Ponge affirme sa conception de la poésie et de la beauté. On étudiera d'abord les lignes 1 à 6, dans lesquelles le poète constate et regrette le mépris habituel de la boue,...
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puis les lignes 7 à 14, dans lesquelles il déclare son amour à la boue et la célèbre. Enfin, on montrera que le poète expose son projet poétique des lignes 15 à la fin du poème. 1/Lignes 1 à 6: le poète constate et déplore la façon dont on méprise généralement la boue. Le poème s'ouvre une phrase courte et étonnante que le poète présente comme une vérité : affirmation «< La boue plaît aux cœurs nobles » (présent de vérité générale) puis raison de cette affirmation. C'est un double paradoxe, renforcé par les antithèses entre « boue » et « nobles », puis entre « plaît » et «< méprisée »>. Les « cœurs nobles » sont une exception qui s'oppose au caractère universel du mépris pour la boue : << Notre esprit la honnit, nos pieds et nos roues l'écrasent >>. On peut remarquer ici l'emploi du pronom personnel « nous », qui a une valeur générique et qui montre que le poète s'inclut dans ce mépris. On note aussi l'énumération esprit/pieds/routes qui constituent une sorte de gradation notre corps tout entier (esprit et corps) et même jusqu'à nos routes, ce qui paraît pourtant insignifiant partagent le mépris pour la boue. La boue est COD de la phrase et les verbes << honnir »> (sens très fort) et « écraser » indiquent le rejet violent dont la boue fait l'objet. Le poète énumère ensuite les causes de cette haine : « Elle rend la marche difficile et elle salit ». La boue a repris sa posture sujet avec le pronom « Elle » pour montrer comme son rôle est néfaste pour l'homme << difficile »>/«< salit >>. A partir de la ligne 4, le poème évoque les connotations associées à la boue et la façon dont elle est employée comme une métaphore dont le sens est très négatif. L'explication est présentée comme logique : la boue est désagréable donc on la méprise donc on se sert de son nom pour exprimer le mépris qu'on porte aux hommes et aux choses. Voir la citation au discours direct: «C'est de la boue»! (ligne 4) et le champ lexical du mépris: << abomine >>, << injures ». En voulant se servir de la boue pour insulter, c'est finalement la boue qu'on insulte : voir la personnification de la boue, présentée comme une personne humiliée car on lui prête des sentiments et émotions («< la honte qu'on lui inflige », « le tort à jamais qu'on lui fait », « constante humiliation >>). Le poète se désolidarise de ceux qui méprisent la boue en s'indignant de ce expressive (question rhétorique lignes 5-6 et phrase exclamative). itement : voir la ponctuation 2/ Lignes 7 à 14: il déclare son amour à la boue et la célèbre Le changement de la situation d'énonciation annonce un 2è temps dans le poème : le poète parle maintenant à la première personne et s'adresse à la boue. Le «je» s'oppose maintenant au « on » (ligne 7). Voir les pronoms et l'apostrophe : « boue si méprisée », « boue au sens propre ». La personnification de la boue continue : elle apparaît désormais comme une figure féminine à laquelle le poète déclare son amour. Voir la répétition de « je t'aime » (ligne 7) + le chiasme « boue si méprisée, je t'aime. Je t'aime à raison du mépris » qui renforce l'opposition entre le poète et les autres hommes. Il se démarque et impose sa singularité. Le poète évoque son propre poème : « mon écrit » comme ce qui doit faire jaillir la beauté de la boue. La poésie permettrait ainsi de révéler au monde une splendeur méconnue. Ce deuxième temps du poème correspond très exactement au genre de l'ode que le titre du poème annonçait : le poète célèbre la beauté de la boue. Il joue avec l'origine de la boue qui naît du mélange entre terre et pluie : voir le vocabulaire «orage », « la pluie battant ». La boue est transfigurée: elle n'est plus une figure féminine mais une sorte de créature merveilleuse («< ailes bleues », ligne 9). Voir aussi l'expression «si belle » (ligne 9) qui répond au « si méprisée » (ligne7). << L'azur agenouillé déjà sur ce corps limoneux » est une personnification du ciel qui après l'orage se reflète dans la boue mouillée et lui confère cette couleur bleutée. Le ciel et la boue finissent par former une sorte de couple sublime : le ciel, figure masculine, s'agenouille comme en un geste de galanterie ou de prière devant la boue, figure féminine qui est donc grandie et célébrée par ce geste. Dans ce passage très poétique, on peut souligner les allitérations en r (lignes 12-13: « c'est celui de l'azur agenouillé déjà sur ce corps limoneux trop roué de charrettes hostiles >>). 3/ Lignes 15 à fin : le poète expose son projet poétique Le 3è temps marque un retour à la 1ère personne du singulier mais le poète dénie bizarrement son statut de poète à travers l'irréel du présent (si + imparfait + conditionnel présent: « si j'étais poète, je pourrais »). Cet emploi laisse supposer qu'il ne l'est pas, poète (l'idée est renforcée par l'emploi de l'adverbe modalisateur << Assurément »>). La parenthèse («on l'a vu ») peut alors indiquer qu'il faut comprendre cette formule comme le fait qu'il est poète dans d'autres textes mais pas ici: il refuse de se comporter en poète. Aux lignes 16-17, il fait une analogie entre l'encre qui sèche sur le papier et la boue qui sèche à l'extérieur, ce qui transforme sa matière, la rend dure. Il exprime ainsi le fait que la boue ne doit pas être figée/séchée car ce serait la tuer. Cela permet de comprendre le refus de se dire poète. À partir du vers 18, le poète renouvelle sa déclaration d'amour à la boue : « je tiens à elle beaucoup plus qu'à mon poème Le poète revendique son intérêt pour l'objet, la chose, plus que pour l'écrit. La formule liturgique «< Ainsi soit-il! » fait référence au fait que la boue (la glaise) est dans la Genèse la matière d'où nait toute la matière. Pour lui rendre hommage, il faudrait donc ne pas trop la figer, et ne faire qu'une esquisse de ses 2 dimensions qu'elle réunit « gloire » et «< honte », esquisse qui sera produite « diligemment », c'es-à-dire d'une manière appliquée, soignée mais aussi rapide pour ne pas trahir son essence labile, mouvante, insaisissable. La dernière phrase explique le titre du poème : l'ode ne peut être qu'inachevée car l'essence même de la boue est de ne jamais se figer/s'achever, d'être toujours en mouvement. Conclusion: Le projet de Ponge est de modifier le regard que nous portons sur les choses, en nous éduquant à voir la beauté dans la banalité. On peut donc rapprocher Ponge de Baudelaire puisqu'il s'agit de voir l'or dans la boue. En revanche, il n'y a pas ici de véritable transmutation : la boue doit rester de la boue puisque la boue en elle-même est belle et a de la valeur. C'est notre regard qui change et la poésie l'aide à changer.