Fiche récapitulative - Manon Lescaut, l'Abbé Prévost

Légende alternative :

son père et de Manon Retrouvailles : recommencent une idylle à Chaillot, loin des tentations Malhonnêteté : le frère Lescaut apparaît et plonge DG dans le jeu et la triche Accidents incendie de la maison et vol des domestiques, plus d'argent Trahison de Manon (M de GM) : pour soutirer de l'argent à M de G...M... Basculement dans le crime: double arrestation, tue le gardien de Saint-Lazare et fait libérer Manon (LL12) 3ème cycle: l'incorrigible Manon Idylle amoureuse : Manon rejette le prince italien et prouve son amour et le faux pas de trop Ultime trahison de Manon (jeune GM) : pour l'arnaquer comme son père (LL13) 2nd enfermement: libérés par les pères mais Manon exclue dans le nv monde Renouveau : idylle amoureuse, métamorphose de Manon, nouvelle chance Société les rattrape : veulent se marier mais n'entrent pas dans la norme Fuite et mort de Manon : la fatalité prend la forme du déterminisme social 1er cycle: Charmes et déconvenues de la découverte de l'amour 2ème cycle : Tout pour Manon, jusqu'à la prison et le crime 4ème cycle : Aimer dans un nouveau monde ? Les caractéristiques de la narration Les indices chronologiques Le récit subjectif Les commentaires rétrospectifs I. Pas de date explicite mais selon les explications de Renoncour, la rencontre a eu lieu en février 1715 = chronologie approximative roman sur un peu + de 4 ans 3 dimensions : l'œuvre (Abbé Prévost), le récit cadre (écrit de Renoncour), le récit enchâssé (récit de Des Grieux) = récit subjectif, tout juste lucide Récit ponctué de prolepses: instaure un jeu avec le lecteur qui sait sans savoir, idée de destin fatal permettant notamment à DG de se dédouaner Fiche 2: Les personnages Des Grieux A. Un jeune aristocrate de 17 ans qui bénéficie des privilèges de sa classe sociale Un aristocrate fier de son rang: DG méprise (légèrement) les petites gens, lorsqu'il traite le gardien de Saint-Lazare de << coquin »>. Ainsi, des préjugés de classe le sauvent et le font classer du côté des gens « d'esprit et de mérite »>. B. Un exemple terrible de la force de passions : intégré, il se marginalise par amour Le coup de foudre : sa rencontre avec Manon est un choc car il se dit «< timide » et inintéressé par les femmes avant ça → Il sacrifie sa morale : DG entre dans l'illégalité pour satisfaire Manon. Il triche aux cartes et vole M de GM et son fils pour l'argent et ne regrette même pas le meurtre du gardien de Saint-Lazare. → Il sacrifie son honneur: DG ne se respecte plus. Il reconnaît jouer « un personnage d'hypocrite » à Saint-Lazare, attendri ses amis et son père pour leur soutirer de l'argent et n'honore ni lui, ni sa famille et son rang. → Il sacrifie sa foi : DG délaisse la religion pour une philosophie sensualiste et matérialiste qu'il défend face à Tiberge. Il est accusé de libertinage ais surtout d'impiété car il doute du salut de l'âme et du jugement dernier. → Il sacrifie sa situation sociale : DG se révolte face à l'autorité paternelle allant jusqu'à se faire renier et perdre son rang familial, il se ruine surtout pour sustenter les plaisirs éphémères et luxueux de Manon par peur de la perdre. C. Le héros de l'amour L'amour, un motif noble: l'amour devient chez DG une valeur absolue qui transforme le vice en vertu au nom d'une morale fondée sur cet amour. C'est pourquoi, à al fin du roman, il pense que sa vie avec Manon est empreinte d'«< innocence ». Le pensant profondément, est-il blâmable ? II. Manon A. Une jeune et belle fille du peuple de 16 ans attirée par le plaisir et le luxe Une fille du peuple : Manon est envoyée au couvent avec une dot de « 300 francs », ce qui est très peu. Elle cherche à se défaire de sa pauvreté et son talent principal étant sa beauté, elle s'en sert à ces fins. Ce qui pourrait expliquer son attachement particulier à l'argent, ou plutôt aux plaisirs qu'il offre, une forme de revanche sur le passé ou d'exutoire à une réalité douloureuse. Ainsi, Manon n'est pas une femme fatale cupide et ambitieuse mais une marginalisée cherchant l'intégration sociale. B. Une jeune fille mystérieuse capable d'amour sincère comme de trahison Un mystère : nous ne connaissons Manon qu'à travers le regard subjectif de DG bien qu'il peine à comprendre ses réactions et la traité d'« ingrate », « perfide » et « étrange fille ». Elle ne parle presque pas directement du roman. Un amour sincère : malgré ses trahisons, Manon dit : «< tu es l'idole de mon cœur, et il n'y a que toi au monde que je puisse aimer de la façon dont je t'aime »>. Elle dissocie le corps et l'esprit et, étant amoureuse de DG, se pense fidèle à ses sentiments donc à lui. C'est en fait une fille atypique et complexe plutôt que mystérieuse. Une héroïne moralement transformée par l'amour Nouvelle Manon : le nouveau monde étant privé de luxe, l'amour de Manon peut pleinement s'épanouir, elle ne << cesse point de [se] reprocher [ses] inconstances ». Elle reçoit donc la proposition de mariage de Dg avec pudeur et humilité. Sa mort dans l'abnégation confirme et achève sa transformation morale. C. III. Les amis A. Tiberge, l'ami fidèle et la conscience morale de Des Grieux Adjuvant : du début la fin du roman, Tiberge incarne l'amitié sans faille, généreuse, sincère et gratuite alors que DG lui ment et profite de lui. Il ira même le chercher en Amérique. Il est guidé par la morale chrétienne. Opposant : il critique le condamne aussi gravement la conduite de DG M. de T..., l'ami providentiel Figure énigmatique : sorte de bon génie qui se prend d'amitié pour DG. Cette générosité peut s'expliquer par de nombreux points communs : même provenance aristocratique, même âge, même foi en l'amour B. C. Lescaut, le mauvais garçon Un voyou sans scrupule: mauvais conseiller qui mènera DG vers l'illégalité, il tente tout de même à aider le couple et ne les trahira jamais. D. Le père de Des Grieux, figure de l'autorité paternelle Un rôle d'éducateur : il tente 2 fois de remettre son fils sur le droit chemin en l'enfermant et en lui révélant ses erreurs Un père aimant : il lui pardonne longtemps sa conduite et le fait sortir de prison. Ainsi, « un cœur de père est le chef- d'œuvre de la nature » selon DG. Sa mort loin de son fils est dramatique. Un prisonnier de son éthique de classe : il ne comprend pas les sacrifices de DG pour Manon, il est très attaché à l'honneur et la famille, ce sont des valeurs importantes qui lui vaudront, en fin de compte, la séparation avec son fils. IV. Les opposants A. Les rivaux de Des Grieux M de B...M..., de G...M..., le prince italien, le jeune G...M... puis Synnelet, tous convoitent Manon pour ses charmes, ils incarnent des figures négatives qui, par contraste, font briller l'amour sincère de DG. B. Les représentants des institutions Le Père supérieur de Saint-Lazare, le lieutenant général de Police et le gouverneur de La Nouvelle-Orléans incarnent les forces de l'ordre légal et moral. Ils cherchent à aider Dg par privilège de classe mais sont désemparés face à la conduite du jeune homme. C. Les valets Des signes du degré de richesse du couple : si DG mépris ces gens qu'il considère comme inférieurs, ils ont un rôle d'adjuvant (Marcel à la prison de l'Hôpital) ou d'opposants (couple de domestiques de Paris, appariassent comme les doubles des héros, les invitant à se remettre en question). Ajoutent du réalisme. D. L'argent Une force à part entière: DG précise précisément les sommes qu'il reste et celle dépensées (« Il me restait à peine vingt pistoles »). L'argent rythme la vie du couple et est à la base des cycles qui forment le cycle narratif du roman. Mais il rythme également les autres perso comme les gardiens escortant Manon au Havre. Fiche 3 Personnages en marge et plaisirs du romanesque I. Des personnages marginaux dans une société complexe 5 personnages marginaux dans la littérature du 18ème siècle : le fou, le montre, l'étranger, la prostituée et le picaro Manon, la prostituée (incarnation d la femme déshonorée) A. D'emblée, Manon apparait comme une fille facile, sans scrupule, guidée par son seul plaisir, qui pour éviter d'aller au couvent fuit avec un inconnu. Elle se laisse séduire par des hommes qui sont prêts à l'acheter pour ses faveurs, pas de problème avec la prostitution. Elle représente la courtisane qui vend ses charmes à des hommes qu'elle n'aime pas pour le luxe/plaisir dont elle rêve. B. Des Grieux, le picaro (marqué par l'errance) Il représente le bourge qui renonce à ses privilèges par amour, il n'a aucun sens des priorités et semble déconnecté du réel, un surprotégé. Il deviendra même un hors-la-loi. C'est la figure du jeune débauché, renié par son père. C. II. Le schéma de la marginalisation (cf. schéma) Bien que répondant à des règles, la marginalité n'est pas figée. Le nouveau monde ne répondant pas à ces règles, il apparait comme une occasion de repartir à zéro. L'intrigue romanesque : des héros condamnables ou attachants ? A. La passion, un vice? Un fripon et une catin : l'amour déroute le héros DG en le poussant à renier ses principes moraux et le pousse vers une existence marginalisée, celle du criminel sans honneur. Ainsi, DG se rapproche de sa bien-aimée. B. La passion, une valeur morale ? Un motif noble: si ce n'est une vertu, c'est au moins une valeur. Il y a beaucoup d'envolées lyriques à travers lesquelles DG chante son amour, rien ne l'exalte aussi fort, Manon représente tout son bonheur, un bonheur simple comme le préconisent les Epicuriens. Si Manon voit en DG ses désirs, leur passion devient un idéal, lequel sera dès lors injustement puni par le Ciel. C. Le lecteur partagé entre condamnation morale et sympathie Le lecteur hésite: doit-il condamner ces jeunes gens insouciants, irrespectueux et profondément égoïste ou bien doit-il se laisser prendre par la force de leur amour et goûter avec eux l'exaltation de leur passion ? La leçon du roman réside dans cette tension avec d'un côté des personnages immoraux que le sens moral du lecteur devrait condamner et de l'autre côté une histoire d'amour fou, source de plaisir du lecteur. III. L'écriture au service du plaisir de lecture 3 types de plaisirs : émotionnel (suscite des sentiments (pitié)), narratif (raconte une histoire à travers des procédés d'écriture rendant l'histoire vivante (réalisme, suspens...)) et fictionnel (construction de l'histoire elle-même (4 cycles)) A. Le plaisir d'un romanesque assumé Au plaisir que suscitent des héros attachants s'ajoute celui d'une intrigue proprement romanesque : le plaisir à travers le dépaysement et le décentrement. Le plaisir du souffle romanesque (force fougueuse qui pousse à tout oser): nombreuses péripéties (enlèvements, meurtres, évasions, trahisons...) Le plaisir de l'intrigue romanesque (la quête palpitante du cercle social) Le plaisir coupable (la marginalité dérange mais séduit): le plaisir du paradoxe et des ambiguïtés Le plaisir du réalisme (le génie d'un roman authentique) : la construction en roman-mémoire (3 récits), l'introspection sincère (l'accès à une conscience), les détails réalistes (cadre spatio-temporel, anonymats) B. Du romanesque au tragique Si le romanesque est une commodité, la finalité est le tragique. Car l'objectif est ailleurs, ce n'est pas un romanesque heureux. Certes le schéma actanciel peut ressembler à celui d'un conte pour enfant, certes DG s'en sort toujours, mais la tragédie les rattrape avec la mort de Manon, rien ni personne ne viendra les sauver. Cette fatalité, le lecteur en a conscience dès le début du roman grâce aux prolepses de DG, pourtant il joue le jeu. Le roman doit être lu comme une tragédie classique : les normes sociales et parfois le spirituel (<< Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni ») représentent la fatalité et empêchent les héros de s'épanouir. C'est l'impossibilité pour l'individu d'atteindre le bonheur par l'amour, même si c'est une valeur en soi. « L'amour est une passion innocente; comment s'est-il changé pour moi en une source de misères et de désordres ? »→ Dimension existentielle : est-on libre d'aimer ? La réponse de Prévost est non. + Petit rôle cathartique (comme Phèdre de Jean racine) Citations Avis de l'auteur Page 35 Page 85 Page 109 Page 109 Page 112 Page 136 Page 199 Page 249 Page 226 Page 279 Page 99 Page 236 Outre le plaisir d'une lecture agréable, on y trouvera peu d'évènements qui ne puissent servir à l'instruction des mœurs. J'avais marqué le temps de mon départ d'Amiens. Hélas ! que ne le marquais-je un jour plus tôt ! Manon était passionnée pour le plaisir; je l'étais pour elle. Je te jure, mon cher Chevalier, que tu es l'idole de mon cœur, et qu'il n'y a que toi au monde que je puisse aimer de la façon dont je t'aime Crois-tu qu'on puisse être bien tendre lorsqu'on manque de pain? L'amour est une passion innocente ; comment s'est-il changé pour moi en une source de misères et de désordres ? Ce bonheur [...] n'est qu'un tissu de malheurs au travers desquels on tend à la félicité. Oublier mon ingrate et parjure maîtresse. Va, cours à ta perte. Adieu, fils ingrat et rebelle. C'est au nouvel Orléans [...] qu'on s'aime sans intérêt, sans jalousie, sans inconstance. Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni. Jamais fille n'eut moins d'attachement qu'elle pour l'argent, mais elle ne pouvait être tranquille un moment avec la crainte d'en manquer. Un cœur de père est le chef-d'œuvre de la nature << Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon et l'héroïne une catin qui est menée à la Salpêtrière, plaise, parce que toutes les actions du héros, le chevalier Des Grieux, ont pour motif l'amour qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse. » - Montesquieu La société est source d'inégalités et d'injustices - Je sais plus qui... à chercher !