L'anonymat ou le Persan corrompu : la vacuité de la société parisienne
Dans cette seconde partie, Montesquieu pousse plus loin sa critique en montrant comment Rica, une fois vêtu à l'européenne, passe de l'objet de toutes les attentions à l'anonymat le plus total. Ce contraste saisissant révèle la superficialité de la société parisienne.
Citation: "Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement : libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste."
L'ironie mordante de Montesquieu atteint son paroxysme lorsque Rica décrit sa "perte" de l'attention et de l'estime publique. L'auteur utilise des expressions hyperboliques pour souligner l'absurdité de la situation :
- "J'entrai tout à coup dans un néant affreux"
- "Je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie sans qu'on m'eût regardé"
Highlight: Le passage de l'extrême visibilité à l'invisibilité totale met en lumière le caractère superficiel et changeant de l'intérêt des Parisiens.
La lettre se conclut sur une note particulièrement satirique, avec la réaction des Parisiens lorsqu'ils apprennent que Rica est Persan malgré son habit européen :
Citation: "Ah! Ah! Monsieur est Persan ? C'est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être Persan ?"
Cette exclamation révèle l'étroitesse d'esprit et l'ignorance des Parisiens, incapables de concevoir une identité au-delà des apparences.
Analyse: La question rhétorique "Comment peut-on être Persan ?" est devenue emblématique des Lettres persanes, symbolisant l'ethnocentrisme et la fermeture d'esprit de la société française de l'époque.
En conclusion, cette lettre XXX des Lettres persanes offre un résumé détaillé de la critique sociale de Montesquieu. À travers le regard de Rica, l'auteur dénonce la superficialité, l'ignorance et les préjugés de la société parisienne du 18e siècle, tout en divertissant le lecteur par son style ironique et ses observations acerbes.