L'autoportrait monstrueux de Maldoror
L'œuvre de Lautréamont, écrite en 1868-1869, est restée dans l'ombre jusqu'à sa redécouverte par les surréalistes au XXe siècle. Les Chants de Maldoror se démarquent par leur ton provocateur et leur imagerie troublante qui fascine autant qu'elle repousse.
Dans le premier mouvement (« Je suis sale... qui n'est plus de la chair »), Maldoror se décrit de façon horrible à travers un champ lexical du dégoût avec des termes comme « sale », « pourceaux » et « vomissent ». Cette description est renforcée par des allitérations en [r] qui créent une sonorité désagréable et par l'utilisation du suffixe « -âtre » qui accentue l'aspect repoussant. La comparaison « comme sur un fumier » introduit l'idée de transformation, appuyée par un champ lexical de la végétation.
Le deuxième mouvement, introduit par l'adverbe d'opposition « Cependant », développe la colonisation du corps de Maldoror. Des verbes d'action progressive confirment l'invasion par des parasites, tandis que le champ lexical animal dépeint les êtres qui peuplent son corps. Une métaphore filée renforce cette image de transformation monstrueuse.
💡 Pourquoi les Chants de Maldoror fascinent-ils tant ? C'est la tension entre l'horreur et la beauté poétique qui en fait une œuvre unique, annonçant déjà les préoccupations esthétiques des surréalistes.
Cette transformation monstrueuse devient poétique grâce à sa description irréelle et par cette colonisation qui, paradoxalement, révèle une forme de vie nouvelle. Le mouvement littéraire de Lautréamont se situe entre romantisme noir et symbolisme, préfigurant le surréalisme qui s'en inspirera largement.