"Je suis sale" - L'autoportrait monstrueux de Maldoror
L'extrait "Je suis sale" des Chants de Maldoror nous plonge dans l'autoportrait repoussant du personnage principal. Lautréamont y dépeint une transformation corporelle horrifiante où Maldoror se décrit de manière péjorative et écœurante.
Le premier mouvement décrit la décomposition physique avec un champ lexical du dégoût "sale","pourceaux","vomissent" et de la maladie. L'auteur utilise des allitérations en r qui accentuent la sensation répulsive et des suffixes en "-âtre" renforçant l'aspect repoussant. La comparaison "comme sur un fumier" et le lexique de la végétation suggèrent une métamorphose inquiétante.
Le second mouvement, introduit par l'adverbe "cependant", marque la colonisation progressive du corps par des parasites. Malgré sa décomposition, le corps abrite paradoxalement une forme de vie nouvelle. Le texte déploie un champ lexical animalier et des verbes d'action qui confirment cette prise de possession, tandis qu'une métaphore filée développe l'image de la transformation.
💡 À retenir : Le mouvement littéraire de Lautréamont se situe entre romantisme noir et symbolisme, annonçant le surréalisme qui le redécouvrira. Les Chants de Maldoror tirent leur titre de la fusion entre "mal" et "horreur", reflétant parfaitement l'univers sombre et provocant de l'œuvre.
Cette transformation monstrueuse acquiert une dimension poétique par sa description irréelle et paradoxale, où la décomposition devient le terreau d'une nouvelle forme de vie. Isidore Ducasse, qui a écrit ces chants sous le pseudonyme du Comte de Lautréamont, crée ainsi une œuvre qui fascine par son audace stylistique et thématique.