Analyse de la scène 9, partie 1 de "Juste la fin du monde"
La scène 9 de la partie 1 de "Juste la fin du monde" de Jean-Luc Lagarce offre une plongée intense dans la dynamique familiale complexe au cœur de la pièce. Cette scène se déroule lors d'un repas dominical, un cadre apparemment banal qui devient le théâtre d'une crise familiale révélatrice.
Le premier mouvement de la scène établit une atmosphère de tranquillité trompeuse. La mère évoque la routine du dimanche après-midi, utilisant des expressions qui suggèrent une habitude bien ancrée.
Citation : "C'est toujours ainsi, le dimanche après-midi, on n'a rien à faire, on étend ses jambes."
Cette description crée une image de calme et de langueur, renforcée par l'utilisation du présent qui tend vers un présent de vérité générale. Cependant, cette apparente sérénité est rapidement perturbée.
Highlight : L'utilisation du vouvoiement par Catherine envers Louis crée une distance significative, soulignant son statut d'outsider dans la famille biologique.
Le deuxième mouvement marque une rupture brutale avec cette tranquillité initiale. La question apparemment innocente de Catherine à Louis déclenche une dispute entre Suzanne et Antoine, révélant les tensions sous-jacentes au sein de la famille.
Exemple : La réaction excessive de Suzanne au vouvoiement de Catherine ("Tu vas le vouvoyer toujours ?") illustre sa frustration face à la distance perçue entre les membres de la famille.
Cette dispute met en lumière les crises personnelles de chaque personnage :
- Suzanne exprime son désir d'une plus grande proximité familiale
- Antoine affiche une attitude détachée et provocatrice
- Louis reste en retrait, soulignant son aliénation de la dynamique familiale
Vocabulaire : L'épanorthose utilisée par Antoine ("Je n'ai jamais rien dit, je n'ai jamais rien fait, je n'ai jamais rien pensé") souligne sa volonté de se distancier des accusations de Suzanne.
Le langage utilisé dans cette scène est particulièrement révélateur. Les répétitions, les questions rhétoriques et les gradations dans le discours de Suzanne témoignent de son agitation croissante.
Citation : "Merde, merde et merde encore ! Compris ? Entendu ? Saisi ?"
Cette accumulation d'expressions de colère montre comment la crise personnelle de Suzanne, liée au départ de son frère Louis, alimente la crise familiale plus large.