Le Prologue de Gargantua représente une œuvre majeure de la littérature française qui mérite une analyse approfondie pour en extraire "la substantifique moelle", comme le conseille Rabelais lui-même.
Dans ce texte fondamental, Rabelais établit un parallèle entre son œuvre et un Silène, ces petites boîtes décorées qui cachaient des objets précieux. Cette métaphore illustre la double lecture possible du roman : une lecture superficielle qui ne retient que l'aspect comique et grotesque, et une lecture plus profonde qui révèle un message philosophique et humaniste. L'auteur s'adresse directement à ses "buveurs très illustres" et "véroles très précieux", créant ainsi une connivence avec son lectorat tout en établissant le ton satirique qui caractérisera l'ensemble de l'œuvre.
La problématique du prologue Gargantua s'articule autour de plusieurs axes essentiels : la question de l'interprétation du texte, la relation entre l'apparence et l'essence, et la défense d'une nouvelle forme d'écriture qui mêle le sérieux au comique. Rabelais développe une réflexion complexe sur la nature du savoir et de la connaissance, invitant le lecteur à ne pas se contenter d'une lecture superficielle mais à chercher le sens profond de son œuvre. Cette approche novatrice pour l'époque fait du prologue un véritable manifeste littéraire qui pose les bases d'une nouvelle conception de la littérature, où l'apprentissage se fait dans la joie et le divertissement. L'auteur défend ainsi l'idée que la sagesse peut se cacher sous des apparences légères, anticipant les critiques potentielles de son œuvre tout en affirmant sa légitimité intellectuelle et morale.