Les articles de la déclaration : une revendication d'égalité
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne utilise une stratégie audacieuse : reprendre les articles de la déclaration originale en y intégrant les femmes. Dès l'article 1, Olympe de Gouges affirme que "La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits", posant ainsi sa thèse centrale.
Dans l'article 3, elle redéfinit la Nation comme "la réunion de la femme et de l'homme", suggérant qu'une nation excluant la moitié de ses membres est incomplète. L'article 4 dénonce directement "la tyrannie perpétuelle que l'homme oppose" aux droits naturels des femmes, montrant que les obstacles ne sont pas naturels mais imposés par les hommes.
Les articles 6 à 10 établissent l'égalité juridique et politique complète. L'article 10 contient la formule célèbre : "la femme a le droit de monter sur l'échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la tribune". Ce parallélisme saisissant illustre l'injustice d'une société où les femmes subissent les mêmes punitions sans jouir des mêmes droits.
À retenir : L'article 16 renforce l'idée que "la Constitution est nulle si la majorité des individus qui composent la nation n'a pas coopéré à sa rédaction" - un argument imparable contre l'exclusion des femmes des décisions politiques.
L'article 17 va plus loin en évoquant implicitement le droit au divorce, affirmant que "les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés". Cette idée était progressiste en 1791, alors même que le mariage venait d'être redéfini comme un "contrat civil" et non plus sacré.
À travers cette analyse linéaire des articles, on voit qu'Olympe de Gouges ne se bat pas seulement pour les femmes mais pour un véritable humanisme. Son texte engagé met les révolutionnaires face à leurs contradictions : comment prétendre à l'universalité tout en excluant la moitié de l'humanité?