Les Lettres de Madame de Sévigné (1626-1696) ont été publiées pour la première fois de façon posthume en 1726. En 1671, un événement décisif pour la carrière littéraire de l'épistolière s'est produit : sa fille aînée Françoise-Marguerite, qu'elle chérissait par dessus tout, a épousé le comte de Grignan, chef d'une vieille famille provençale, et est partie le rejoindre dans le Midi. Cette séparation a été un véritable déchirement pour Madame de Sévigné, mais a été l'occasion d'une correspondance célèbre entre la mère et la fille, ininterrompue de 1671 à 1696. Ce recueil réunit également des lettres adressées à d'autres destinataires. Les quelques 764 lettres qui composent cette œuvre représentent un témoignage savoureux des mœurs de son époque.
Observatrice perspicace et véritable chroniqueuse de la vie de cour, Madame de Sévigné relate les événements marquants qui ont eu lieu à Paris. Dans la lettre proposée à l'étude, elle met en scène une anecdote illustrant l'état d'esprit qui règne dans l'entourage de Louis XIV. Cette anecdote est présentée sous la forme d'un récit et d'un dialogue, racontant une petite scène de la vie de cour qui s'apparente au théâtre par la mise en situation, la rapidité de la scène et la tonalité comique qui la traverse.
L'intérêt majeur de cette lettre réside dans la mise en scène du roi qui met à l'épreuve la sincérité d'un courtisan, ce qui conduit à une réflexion sur l'hypocrisie à partir des caractéristiques du genre épistolaire.
La lettre à Pomponne, datée du lundi 1er décembre 1664, présente une scène de comédie étonnante. Le récit, alternant dialogue et récit, crée et met en place une situation théâtrale captivante pour le destinataire de la lettre.
Une scène de comédie
La structure théâtrale de la lettre assure une fonction d'introduction visant à captiver le lecteur, mettant en place des éléments, des personnages et des circonstances avec des sous-entendus qui fonctionnent comme des apartés au théâtre.
La scène de comédie proprement dite se déploie avec un dialogue où le Roi demande une critique mais en donnant déjà un avis négatif qui oriente le jugement du maréchal de Gramont. La réponse va dans le même sens que celui du Roi avec une accumulation de superlatifs péjoratifs. Le Roi insiste, puis nous assistons à la chute qui révèle l'identité du véritable auteur du madrigal, créant ainsi une confusion chez le maréchal, qui se retrouve piégé et trahi.
Cette scène de comédie met en place un personnage en difficulté, crée un effet d'attente et engage le lecteur dans une situation intéressante qui illustre très bien l'observation perspicace et le sens de la critique sociale de Madame de Sévigné.
En conclusion, les Lettres de Madame de Sévigné offrent un aperçu unique de son époque, ainsi que de ses talents d'observation et de narration. L'étude de ses lettres est une source inestimable pour la compréhension des mœurs et des relations sociales à l'époque de Louis XIV.