Voyage sensoriel et paysage exotique
La progression sensorielle structure le poème : "je respire" (v.2) déclenche la rêverie par l'odorat, puis "je vois" (v.3) active le sens de la vue. Le paysage exotique se déploie alors avec un riche champ lexical de la chaleur ("las", "soleil", "monotone") qui évoque la permanence d'un climat idéal, loin de la grisaille parisienne que connaissait Baudelaire.
L'île imaginaire décrite par le poète est peuplée d'"arbres singuliers" et de "fruits savoureux", associant subtilement le paysage exotique à la femme désirée. Les habitants de cette île sont également idéalisés : hommes au "corps mince et vigoureux" et femmes dont "l'œil par sa franchise étonne". Cette création imaginaire révèle l'aspiration de Baudelaire vers un idéal inaccessible dans le monde réel.
🌴 Connexion : Le "parfum exotique" agit comme un guide qui transporte le poète, montrant comment Baudelaire transforme une simple sensation en expérience transcendante.
Dans les tercets, la sensualité devient plus spirituelle. Le "port" et les "voiles et mâts" symbolisent le voyage et l'évasion. La personnification des bateaux qui se "fatiguent" efface la distinction entre l'humain et l'environnement. Le poème se clôt sur une fusion des sensations agréables qui élèvent "l'âme" du poète, révélant ainsi l'aspiration baudelairienne vers l'idéal et l'absolu à travers l'expérience sensuelle.