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Chapitre conclusif: l’information à l’heure d’internet

07/06/2023

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Chapitre Conclusif : Internet à l'heure d'Internet
Introduction:
En 1966, est créé un réseau militaire américain destiné à l'écha
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Chapitre Conclusif : Internet à l'heure d'Internet
Introduction:
En 1966, est créé un réseau militaire américain destiné à l'écha
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En 1966, est créé un réseau militaire américain destiné à l'écha
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En 1966, est créé un réseau militaire américain destiné à l'écha
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En 1966, est créé un réseau militaire américain destiné à l'écha
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En 1966, est créé un réseau militaire américain destiné à l'écha
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En 1966, est créé un réseau militaire américain destiné à l'écha
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En 1966, est créé un réseau militaire américain destiné à l'écha
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En 1966, est créé un réseau militaire américain destiné à l'écha

S'Informer Chapitre Conclusif : Internet à l'heure d'Internet Introduction: En 1966, est créé un réseau militaire américain destiné à l'échange et à la conservation de données appelé Arpanet. C'est l'ancêtre d'Internet qui s'ouvre au grand public au début des années 90. D'une centaine de sites à son ouverture à plus de 1 milliard aujourd'hui, Internet s'est imposé comme un média d'information. Au passage, il bouleverse nos pratiques d'information en développant une information mondialisée. Internet est porteur de nouvelles opportunités démocratiques comme de risques (la manipulation de l'information). Avec Internet, les pratiques de l'information se sont profondément transformées. Son accès y est démultiplié, la possibilité de participer à des débats et de publier du contenu ont révolutionné les étapes de sa production et de sa diffusion. Cette information via Internet possède plusieurs caractéristiques. → La première est qu'elle est perçue comme plus horizontale, c'est-à-dire produite par des pairs et non plus par des professionnels. Ce nouveau schéma n'est pourtant pas généralisé et il inclut, en partie, les acteurs traditionnels. → La Toile est également le lieu d'apparition d'une nouvelle catégorie d'informateurs : les lanceurs d'alerte. Ceux-ci y diffusent des renseignements qu'ils considèrent comme nécessaires aux citoyens pour pouvoir exercer leur jugement critique. Avec, toutefois, la nécessité de discuter de la liberté de ces nouveaux intervenants vis-à-vis des groupes politiques ou économiques. → Enfin, Internet...

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peut aussi être le lieu de diffusion des fake news et des théories du complot. Comment éviter que ces pratiques ne perturbent le jeu démocratique ? Problématiques: Comment Internet bouleverse-t-il notre manière de nous informer ? Comment distinguer les informations fiables des autres ? I. Internet ou le Big Bang de l'information L'information sur Internet est souvent qualifiée d'horizontale, c'est-à-dire qu'elle relève de la transmission d'éléments entre pairs. Ceci est une révolution. Dans le schéma médiatique traditionnel, l'information est recueillie par les agences de presse, puis les journalistes choisissent quels aspects ils souhaitent développer et quel angle adopter, en fonction des opinions défendues par leur média. La même information ne reçoit ainsi pas le même traitement dans un journal de gauche ou dans un journal de droite. A. Une information horizontale ➤ L'information, une structure verticale: Au départ, l'information était accessible aux journalistes, intellectuels et hommes politiques considérés comme des références et formant une élite. L'information était ensuite transmise aux citoyens via les médias traditionnels (presse puis radio et télévision). Dans cette structure verticale, informer est donc un métier entre les mains de professionnels qui ont accès au monde politique, économique, sportif selon le média. Mais face à la censure et à la propagande, généralisée dans les dictatures et parfois aussi dans les démocraties comme pendant la guerre, la question de l'information cachée au public a entraîné une certaine défiance vis-à-vis des journalistes. Ainsi, en 1994, le grand public découvre à la fois l'existence de Mazarine Pingeot, la fille cachée du Président de la République François Mitterrand, et le fait que tous les journalistes étaient au courant de cette affaire familiale. La question de la collusion entre journalistes et sphère politique est souvent un argument pour dénoncer l'information « main stream »>. ➤ Internet et la naissance d'une information horizontale : Le développement de nouvelles technologies favorise l'immédiateté de la diffusion de l'information. Cela change aussi le rôle du public dans la transmission de l'information : des médias au public (dimension verticale), l'information est devenue horizontale puisque chacun peut diffuser ou relayer une information. De récepteur de l'information, l'individu devient acteur et émetteur d'information. Ainsi, lors de la série d'attentats qui a touché la France en 2015, les citoyens sont devenus des caméramans et ont inondé Internet et les réseaux sociaux d'images. Aujourd'hui, lors de chaque événement, on ne compte plus le nombre de téléphones filmant les scènes, publiant des témoignages. Mais ce changement entraîne aussi, avec la logique de popularité des algorithmes, une dilution des informations traitées par les journalistes professionnels, donc analysées et vérifiées. ➤ En autorisant l'accès à une plus grande diversité de sources et en offrant à ses utilisateurs, via les blogs ou les réseaux sociaux, la possibilité de produire et de diffuser eux-mêmes des informations, Internet a en partie remis en cause le schéma vertical traditionnel de diffusion de l'information. Les réseaux sociaux et leurs algorithmes ne font toutefois ici que renforcer une tendance à l'exposition sélective aux informations qui vont dans le sens de nos opinions, déjà présente avec les médias traditionnels et entretenue par l'homogénéité sociale des réseaux de parents et d'amis. Sur Internet, plusieurs situations sont possibles. On constate, d'une part, que la Toile reproduit ce schéma. Tous les grands journaux d'information et d'opinion sont présents en ligne et représentent un nombre important de consultations. Toutefois, le fait que leur contenu soit payant écarte de cette voie un certain nombre d'internautes. D'autre part, il existe des sites de partage de l'information entre pairs. Ils sont donc marqués par un principe d'égalitarisme. La parole d'un expert y compte autant que celle d'un non-expert, au risque que l'idée qui l'emporte soit liée à la capacité de persuasion de celui qui écrit ou au nombre de personnes qu'il compte dans son réseau plutôt qu'à sa véracité. B. Une information aujourd'hui fragmentée. ➤ La multiplication des moyens de diffusion : La multiplication des canaux de diffusion conduit à une multitude de médias et fragmente l'information. Aux sites internet des années 1990 sont venus s'ajouter les forums, les blogs, les moteurs de recherche, les encyclopédies en ligne (web 2.0) puis les réseaux sociaux (web 3.0). Difficile de s'y retrouver dans ce flot d'informations...les individus ne peuvent alors pas suivre tous les médias : ils vont sélectionner et personnaliser les contenus qu'ils souhaitent recevoir via des notifications, newsletters, agrégateurs d'informations. Les médias vont aussi avoir recours aux algorithmes afin de proposer un contenu plus approprié aux idées des individus. Cependant, l'usage de ces derniers peut conduire à un risque d'enfermement, de repli sur soi. > Le rôle de gatekeepers que jouaient les journalistes et professionnels des médias n'a toutefois pas disparu. Les médias traditionnels, via leurs sites en ligne, continuent de l'exercer mais sont en concurrence avec les algorithmes des moteurs de recherche et les réseaux sociaux qui fonctionnent selon des logiques de popularité et personnalisent les contenus. D'un côté, la course à la visibilité favorise la reproduction à l'identique des contenus, limitant l'originalité de l'information. De l'autre, la personnalisation, permise par l'analyse des données des internautes, porte le risque d'un enfermement dans des bulles informationnelles. → ELI PARISER (né en 1980) Activiste américain orienté à gauche, il a développé le concept de « bulle de filtre » qui dénonce les risques de fragmentation de l'information. « À partir des différentes données collectées sur l'internaute, des algorithmes vont silencieusement sélectionner les contenus qui seront visibles ou non par lui [...] chaque internaute accède à une version différente du web, il reste dans une "bulle" unique et optimisée pour lui. » ➤ Repenser le métier de journaliste : La multiplication des contenus sur Internet interrogé sur le rôle des médias traditionnels et des journalistes. En plus de devoir renouveler leur support (développement de la presse en ligne), le métier de journaliste doit s'adapter aux évolutions actuelles en traitant différemment l'information en fonction de l'objectif recherché : certains journalistes diffusent en masse de l'information en direct via les médias sociaux numériques au risque de manquer de recul et de favoriser l'émotion, le buzz tandis que d'autres proposent plutôt un journalisme d'investigation et d'enquête où l'information est analysée, vérifiée, réfléchie, indépendante des pouvoirs économiques et politiques (ex Médiapart, rue 89). Internet, par la rapidité des informations qui y circulent et par l'existence d'un référencement hiérarchisé sur les moteurs de recherche, contribue également à l'uniformisation de l'information. Retweeter, partager sur Facebook, réaliser un copier-coller contribue souvent à reproduire en masse la même information plutôt que de renforcer sa diversité. Toutefois, il permet aussi un accès plus large à l'information et apprendre à l'utiliser permet au citoyen de croiser les sources et de participer plus directement aux débats politiques. C. L'enjeu du contrôle de l'information pour les États. ➤ Le contrôle de l'information sur Internet par les dictatures : L'un des États les plus répressifs de la planète, la Chine, est particulièrement représentative de la volonté des dictatures de contrôler l'information sur Internet. En créant son propre moteur de recherche, Baidu, tout en interdisant Google, la Chine a mis en place un contrôle des algorithmes utilisés. En créant son propre réseau social, elle peut contrôler ce qui est dit, échangé... En 2018, la Chine a ainsi fermé 26 000 sites internet jugés illégaux et supprimé six millions de commentaires. Mais la plus grande force du pouvoir chinois est sa capacité à pousser la population à l'autocensure. Plus généralement, les régimes politiques liberticides ont souvent tendance à couper l'accès à Internet en cas de crise afin de limiter les témoignages et diffusions d'informations considérées comme contraires aux intérêts du régime. Les démocraties ne sont pas en reste et tentent elles aussi de contrôler les informations considérées comme contraires aux lois et aux droits de l'Homme. ➤ La guerre de l'information : Dans le même temps, les États du monde entier se lancent dans une lutte géopolitique de l'information. Chaque grande puissance a développé sa propre chaîne d'information en continu: CNN, Sky News, Al-Jazeera, Russia Today, France 24... Lors des crises diplomatiques internationales comme l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, ces chaînes d'informations servent de relais de la parole de la puissance et vont parfois jusqu'à pratiquer massivement la désinformation. Elles permettent aussi aux pays d'influer sur les élections et le processus démocratique d'adversaires. Ainsi, en France, en 2017, la chaîne Russia Today a apporté un soutien clair à Marine Le Pen lors de la présidentielle après avoir soutenu Donald Trump en 2016. II. Témoignages et lanceurs d'alerte : pourquoi est-ce si difficile d'informer? En 2006, Julian Assange crée Wikileaks, afin de compenser ce qu'il appelle l'asymétrie de l'information. Le site diffuse des sources et des informations, les commente, tout en protégeant l'identité des contributeurs. Depuis les débuts des années 2010, c'est toutefois parce que son contenu est relayé par les grands médias traditionnels que le site se place au cœur du débat public. Depuis 2012, Julian Assange fait l'objet de poursuites aux États-Unis et se réfugie à l'ambassade d'Équateur à Londres En 2019, l'Équateur met fin à sa protection et Julian Assange est arrêté par la police britannique. Les États-Unis demandent son extradition. A. Un média favorable aux témoignages. ➤ Le poids des témoignages : Avec le développement des smartphones et des réseaux sociaux, on assiste à une explosion des témoignages sous la forme de vidéos, photos, messages postés instantanément. Utilisés massivement pour dénoncer les répressions et les attaques chimiques contre les populations civiles en Syrie, ou pour détourner la censure comme lors de la révolution étudiante en Birmanie contre le coup d'État en 2012, les témoignages sont un outil précieux et indispensable pour contourner la censure des dictatures. Les réseaux sociaux peuvent permettre un accès à l'information notamment dans les pays où la liberté des médias est contrôlée mais sont souvent fondés sur l'émotion, l'affect sans réelle prise de distance. ➤ Témoignage et information : un témoignage, s'il est précieux, n'en reste pas moins qu'une partie subjective d'une information. Il reflète le point de vue d'une personne, sans recul ni analyse. C'est le travail du journalisme de transformer le témoignage en information, en le confrontant à différentes sources. Transformer un témoignage en information demande du temps, ce que ne permettent pas les réseaux sociaux, favorisant la propagation de fausses informations. Les témoignages sont néanmoins essentiels dans la dénonciation de certains phénomènes comme la violence faite aux femmes (#metoo), aux minorités sexuelles, même s'ils sont des objets délicats à traiter pour les journalistes : dénoncer ou diffamer, laisser la justice faire son œuvre, dénoncer en risquant un lynchage médiatique sont les enjeux actuels autour des témoignages. Avec Internet apparaît une nouvelle catégorie d'informateurs : les lanceurs d'alerte. Ces personnes se présentent comme des éveilleurs de conscience portant à la connaissance du grand public des éléments qui lui ont été dissimulés et qui sont souvent de nature illicite, preuves à l'appui. La question du rôle des lanceurs d'alerte est complexe. Ils peuvent en effet être eux-mêmes manipulés ou au service de groupes politiques ou économiques ayant intérêt à en déstabiliser un autre. Il n'est donc pas rare de voir des États restreignant par ailleurs les libertés soutenir ou accueillir sur leur sol des lanceurs d'alerte condamnés dans leur pays. La pratique des fuites d'information était déjà une stratégie utilisée pendant la guerre froide pour déstabiliser l'adversaire, mais cela devait se faire avec des techniques plus lentes pour la diffusion de l'information, comme la photocopie, et la diffusion des données était soumise à l'acceptation de la rédaction du journal, qui pouvait craindre un procès ou une interdiction. Le premier lanceur d'alerte serait ainsi Daniel Ellsberg, qui révéla, via le New York Times, en 1971, les Pentagon Papers. Les lanceurs d'alerte bénéficient aujourd'hui de l'« effet Streisand », inhérent à Internet : tenter de faire interdire une information attise la curiosité et contribue à une plus large diffusion (l'expression est tirée de la déconvenue vécue par Barbra Streisand ; les photographies de sa demeure n'ont jamais été autant regardées que lorsqu'elle a tenté de faire interdire leur diffusion sur le Web). B. Le lanceur d'alerte, nouvelle figure médiatique. Les nouvelles opportunités d'accès à l'information sur Internet sont notamment incarnées par la figure du lanceur d'alerte, profitant des potentialités du numérique pour révéler des données et des comportements contraires au bien commun. S'il ne s'agit pas d'un personnage nouveau, les nouvelles technologies lui ont offert un terrain favorable : plus faciles à collecter et à stocker, les données sont aussi plus vulnérables aux fuites et plus facilement diffusables à grande échelle, via des sites comme Wikileaks. Souvent poursuivis par les autorités politiques et parfois condamnés, les lanceurs d'alerte apparaissent ainsi comme de nouveaux héros de la liberté d'informer. → EDWY PLENEL (né en 1952) Journaliste français fondateur du site d'information en ligne Mediapart, il milite pour la transparence de l'information et défend le rôle civique des lanceurs d'alerte. « Le numérique permet aux citoyens de reconquérir le droit d'exprimer des opinions, ce droit qui avait été monopolisé par les journalistes en tant qu'intermédiaires obligés. Cette révolution nous remet à notre place, à notre juste place produire des informations d'intérêt public qui alimentent le débat d'opinion des citoyens. >> ➤ L'affaire Snowden: Un lanceur d'alerte est un individu ayant connaissance d'un danger, risque ou scandale qui interpelle l'opinion. Il profite d'Internet (moyen de contourner la censure) pour révéler et transmettre des informations susceptibles de mobiliser l'opinion publique contre certaines dérives au nom de l'intérêt général. Edward Snowden est un informaticien américain, ancien employé de la CIA et de la NSA qui a révélé les détails de plusieurs programmes de surveillance de masse permettant l'accès à des communications personnelles, courriels privés, données de localisation issues de géants américains comme Facebook, Google, Youtube... Au travers de cette affaire, on prend alors conscience que l'information peut servir d'arme de manipulation et de déstabilisation économique ou politique. Elle a conduit l'Union Européenne à mettre en place en mai 2018 le RGPD (Règlement général sur la protection des données personnelles). • L'image de l'information sur Internet renvoyée par les lanceurs d'alerte n'est toutefois pas sans ambiguïté. En révélant les pratiques de surveillance de masse de l'agence américaine NSA et son exploitation des données collectées par Google ou Facebook, Edward Snowden a ainsi fait apparaître de nouveaux risques de contrôle des informations. ● Par ailleurs, les fuites sur lesquelles s'appuient les lanceurs d'alerte sont aussi susceptibles de servir d'arme de manipulation et de déstabilisation économique ou politique Les lanceurs d'alerte, quel que soit le risque de manipulation, montrent que les pratiques de l'information ont été renouvelées par Internet, avec des conséquences politiques et géopolitiques nouvelles. ➤ Des Luxleaks aux Paradise Papers : Depuis 2013, de nombreuses affaires ont éclaté suite à des documents fournis par les lanceurs d'alerte aux journaux du monde entier. Ces affaires concernent souvent des questions d'évasion fiscale, de corruption. Rassemblant des millions de documents, ces révélations nécessitent des mois d'enquête et de travail journalistique. L'État français a créé en 2016 un statut juridique pour les lanceurs d'alerte après notamment le combat du Docteur Irène Frachon contre le laboratoire Servier dans le scandale du Mediator, un médicament coupe-faim contenant un principe responsable d'attaques cardiaques. III. Le retour en force des théories du complot Internet permet également d'accorder une audience renouvelée à des théories sans fondement réel mais rencontrant une large audience dans l'opinion : les théories du complot. Un fait, anodin ou erroné, est interprété de manière pseudo-rationnelle pour montrer que certains groupes politiques ou économiques ont intérêt à dissimuler la vérité au simple citoyen. Internet permet ainsi de diffuser la désinformation en la légitimant par le nombre de personnes y adhérant, le nombre de clics ou de « like » ayant valeur de validation. A. Une présence ancienne des théories du complot. Internet s'est aussi révélé un terrain particulièrement propice à la propagation des théories complotistes. Grâce au numérique, les techniques de trucage et de manipulation (des informations, des images, des vidéos) se sont démocratisées. En outre, l'émancipation face à la parole experte et l'affaiblissement de la fonction de contrôle exercée par les médias traditionnels favorisent la diffusion des fausses informations. La logique d'entre-soi voire de tribalisme qui gouverne le fonctionnement des réseaux sociaux tend enfin à entretenir l'adhésion à des thèses invraisemblables mais validées par la communauté personnelle de l'internaute. ➤ Les grands complots de l'Histoire : L'apparition des premières théories du complot date du XVe siècle, avec le développement des États modernes. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les Illuminati, francs-maçons et les Juifs sont accusés de lutter secrètement contre la religion catholique et l'État français. Les théories de mise en place d'un nouvel ordre mondial se multiplient. Dans l'antisémitisme ambiant de l'affaire Dreyfus à la fin du XIXe siècle, les complots judéo-maçonniques se multiplient. En Russie, un chef de la police imagine un complot mondial pour obliger le tsar à mettre en place la démocratie et le libéralisme : ce sont « les protocoles des Sages de Sion », théorie reprise par les Nazis dans les années 20. ➤ L'assassinat de JFK: Le 22 novembre 1963, à Dallas, le président des États-Unis John Fitzgerald Kennedy est assassiné. L'enquête établit la culpabilité de Lee Harvey Oswald, ancien membre des Marines, du FBI et activiste anti-castriste. Abattu lors de son transfert, Oswald meurt avant d'avoir été jugé. C'est le début de la théorie du complot la plus répandue aux États-Unis. Oswald n'est pas pour un nombre important d'Américains, le coupable de l'assassinat du président. La CIA, le FBI, le lobby militaro-industriel, Castro sont soupçonnés par la population. En 1991, le réalisateur Oliver Stone sort JFK, film dans lequel il relance le débat autour de la mort de Kennedy. Les États-Unis sont le pays où le plus grand nombre de théories du complot circulent : zone 51, faux alunissage en 1969, théories autour du 11 septembre... B. Une plongée au cœur de la « complosphère >> ➤ Comment fonctionne une théorie du complot ? Si Internet n'a pas inventé les théories du complot, il leur permet néanmoins d'être diffusé rapidement et à très grande échelle. Le complotisme s'appuie sur la méfiance envers les médias traditionnels et le pouvoir politique, accusés de vouloir cacher la vérité. Plus les médias et le pouvoir dénoncent ces théories, plus elles prennent de l'importance. Il existe aujourd'hui des sites et même des réseaux sociaux spécialisés dans les théories complotistes. Si certains sujets comme la terre plate ou les chemtrails peuvent faire sourire, d'autres théories sont plus graves car elles mettent en danger les populations. C'est le cas des Antivax, groupes complotistes qui pensent que les gouvernements travaillent pour les laboratoires en multipliant les vaccins. Alors que de plus en plus de parents remettent en cause la vaccination pour leur enfant, on assiste au retour de certaines maladies infantiles mortelles comme la tuberculose, la coqueluche. Lorsqu'en 2017, la ministre Agnès Buzyn rend obligatoire 11 vaccins, les milieux antivax se déchaînent. ➤ Parmi les théories du complot, les plus florissantes concernent le domaine de la santé publique. Profitant du retentissement négatif de vrais scandales sanitaires sur l'opinion, un certain nombre de sites diffusant la peur des vaccins, conduisent certaines personnes à les refuser pour leurs enfants. Viennent ensuite les théories visant à discréditer l'action de certaines puissances dans le monde. Les États-Unis en sont la principale cible : l'alunissage de 1969 serait une supercherie, le président Kennedy aurait été tué sur ordre de la CIA, ou encore les attentats islamistes relèveraient de manipulations de leur part. Enfin, viennent les théories remettant en cause les fondements de la science, affirmant que des extraterrestres reptiliens domineraient le monde, que la théorie de l'évolution serait une imposture, ou encore que la Terre serait plate. L'audience de ces théories est difficile à évaluer, mais on compterait près de 50 % des Français qui craindraient les vaccins et près de 12 millions d'Américains seraient ouverts à l'idée que la Terre soit plate. C. La lutte contre les théories du complot, un enjeu majeur pour les démocraties. ➤ État : Il existe des réponses légales pour contrôler la diffusion des informations : loi contraignant les réseaux sociaux à supprimer les contenus << manifestement illégaux » en Allemagne (2017), loi luttant contre les fake news en France (2018), signalement à la police de fausses informations sur un site en Italie. Il devient surtout important d'éduquer les populations aux usages des médias en leur apprenant à s'interroger sur la fiabilité et le croisement des sources, la vérification de l'information, la prise en compte du statut de l'émetteur... En Finlande, la lutte contre les théories du complot et les fake news est devenu un enjeu scolaire majeur, réduisant l'influence de celles-ci. En France, le gouvernement a mis en place un site consacrée à la désinformation (ontemanipule.fr) ● Ce climat de défiance est par ailleurs volontairement entretenu par des responsables politiques qui recourent exagérément à l'accusation de fake news à l'encontre de médias diffusant des informations véridiques mais qui ne leur sont pas favorables. La volonté légitime de lutter contre les fausses informations risque en outre de déboucher sur de nouvelles restrictions de liberté d'informer. ➤ Journalistes et citoyens : Face à la menace de perte de crédibilité de leur métier, et pour mieux affirmer leur rôle, les journalistes ont très vite pris conscience des dangers des fake news et des théories du complot. De nombreux journaux ont mis en place des outils de vérification des informations (fact-checking) : Les Décodeurs au Journal Le Monde, Désintox sur Arte, Conspiracy Watch sur Internet. Si de nombreuses actions ont vu le jour pour dénoncer le phénomène, les théories complotistes restent puissantes, notamment sur les réseaux sociaux (Twitter, Instagram, Facebook...). Alors que la limite entre lanceurs d'alerte et théorie du complot est parfois mince, le rôle du citoyen est de vérifier l'information avant de la partager, de recouper les sources, d'adopter un regard critique sur l'information. La responsabilité d'Internet, qui offre simultanément des possibilités décuplées de vérification des faits, doit toutefois être relativisée. Si la multiplication des fausses informations contribue au scepticisme vis-à-vis des médias, celui-ci n'est pas nouveau et constitue aussi un élément propice à l'adhésion aux théories complotistes. CONCLUSION: En proposant une information horizontale et non plus verticale, Internet a entraîné une véritable révolution de l'information, remettant en cause les principes même du journalisme. Par la diffusion de témoignages, grâce aux lanceurs d'alerte, Internet a montré qu'il pouvait permettre de dénoncer des scandales planétaires. Les états, en particulier les dictatures, cherchent donc à contrôler l'information sur Internet pour maintenir leur pouvoir. Mais Internet permet aussi de propager des théories du complot toujours plus nombreuses. Si s'informer n'a jamais été aussi facile, se désinformer l'est tout autant. Les médias ont une influence indéniable sur la société. Néanmoins avec la banalisation des moyens de diffusion nous subissons un afflux perpétuel d'informations souvent peu fiables et anxiogènes. Nous avons besoin de changer nos pratiques face à l'information. ★ Vérifier les informations Ne pas les relayer avant S'appuyer sur des sources sérieuses. Croiser ses sources ★ Faire un démenti en cas d'erreur. ★ Privilégier les témoignages de première main. A l'échelle de l'individu, ces données peuvent aussi être la source d'harcèlement ou de diffamation. Cette image virtuelle de nous ne reflète pas forcément notre estime de soi. Nos deux moi peuvent s'affronter et aller jusqu'à nous mettre en danger.