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3) Le genre :
→ Inégalités de salaire : en 2015, les femmes gagnaient 18,5% de moins que les hommes à temps de
travail égal. Cet écart s'explique par le temps partiel plus fréquent chez les femmes, la ségrégation
professionnelle (les femmes sont plus présentes dans les métiers moins rémunérés), le plafond de verre
(difficulté d'accès aux postes à responsabilité), et les discriminations.
→ Inégalités dans l'accès à l'emploi : en 2018, le taux d'activité des femmes était de 68,2% contre 75,8%
pour les hommes. Les femmes sont plus touchées par le chômage et le sous-emploi.
→ Inégalités dans la répartition des tâches domestiques : en 2010, les femmes consacraient en moyenne
3h52 par jour aux tâches domestiques contre 2h24 pour les hommes.
4) L'âge :
→ Inégalités de revenus : en 2017, le niveau de vie médian des 18-29 ans était de 20 120€ par an contre
23 580€ pour les 50-64 ans.
→ Inégalités face à l'emploi : en 2019, le taux de chômage des 15-24 ans était de 19,6% contre 8,5% pour
l'ensemble de la population active.
→ Inégalités dans l'accès au logement : les jeunes ont plus de difficultés à accéder à la propriété et sont
plus souvent locataires.
5) L'origine ethnique :
→ Inégalités dans l'accès à l'emploi : en 2017, le taux de chômage des immigrés était de 17,2% contre
9,1% pour les non-immigrés.
→ Inégalités de salaires : à diplôme et expérience égaux, les personnes d'origine maghrébine gagnent en
moyenne 13% de moins que les personnes d'origine française.
→ Discriminations dans l'accès au logement : les personnes d'origine étrangère ont plus de difficultés à
trouver un logement et sont plus souvent victimes de refus de la part des propriétaires.
6) Le lieu de résidence :
→ Inégalités territoriales : en 2017, le taux de pauvreté était de 18,6% en Seine-Saint-Denis contre 6,5%
dans les Yvelines.
→ Inégalités dans l'accès aux services publics : certaines zones rurales ou périurbaines sont moins bien
dotées en équipements et services (transports, santé, éducation).
→ Ségrégation spatiale : concentration des populations défavorisées dans certains quartiers ou
communes, renforçant les inégalités sociales.
Ces différents critères de hiérarchisation se combinent et se renforcent mutuellement, créant des
situations d'inégalités multiples et cumulatives. Par exemple, une femme immigrée, peu diplômée et
vivant dans un quartier défavorisé cumulera plusieurs facteurs de désavantage social.
La compréhension de ces mécanismes de structuration de l'espace social est essentielle pour analyser
les inégalités et les enjeux de mobilité sociale dans la société française contemporaine.
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2) Comprendre les dynamiques de la structure sociale :
A) La mobilité sociale :
➤ La mobilité sociale désigne le changement de position sociale d'un individu au cours de sa vie
(mobilité intragénérationnelle) ou par rapport à ses parents (mobilité intergénérationnelle).
On distingue la mobilité verticale (ascendante ou descendante) et la mobilité horizontale (changement
de position sociale sans changement de niveau hiérarchique).
La mobilité sociale peut être mesurée à travers différents indicateurs :
- Les tables de mobilité : elles comparent la position sociale des individus à celle de leurs parents.
- Les taux de mobilité : proportion d'individus ayant changé de catégorie sociale par rapport à leurs
parents.
- La fluidité sociale : mesure l'égalité des chances d'accès aux différentes positions sociales,
indépendamment de l'origine sociale.
En France, on observe une tendance à la hausse de la mobilité sociale depuis les années 1960, mais
celle-ci reste limitée :
→ En 2015, 35% des hommes et 28% des femmes occupaient la même catégorie socioprofessionnelle
que leur père.
→ La mobilité ascendante est plus fréquente que la mobilité descendante, mais elle concerne surtout
les mouvements de courte distance (entre catégories proches).
→ Les inégalités des chances persistent : un enfant de cadre a 4,5 fois plus de chances de devenir cadre
qu'un enfant d'ouvrier.
Plusieurs facteurs influencent la mobilité sociale :
- L'éducation : le niveau de diplôme est un déterminant majeur de la position sociale.
- L'origine sociale : elle influence les aspirations, les ressources et les réseaux sociaux.
- Les transformations de la structure socioprofessionnelle : l'augmentation du nombre de cadres et
professions intermédiaires a favorisé la mobilité ascendante.
- Les politiques publiques : l'éducation, la formation professionnelle et les politiques de redistribution
peuvent favoriser la mobilité sociale.
B) La reproduction sociale :
➤ La reproduction sociale désigne le processus par lequel les inégalités et les positions sociales se
transmettent d'une génération à l'autre.
Plusieurs mécanismes contribuent à la reproduction sociale :
- La transmission du capital économique : héritage, donations, aide financière des parents.
- La transmission du capital culturel : pratiques éducatives, transmission des savoirs et des dispositions
culturelles.
- La transmission du capital social : réseaux de relations, accès à certains milieux sociaux.
- Les stratégies de reproduction : choix scolaires, matrimoniaux et professionnels visant à maintenir ou
améliorer la position sociale.
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Pierre Bourdieu a mis en évidence le rôle central de l'école dans la reproduction sociale :
→ L'école valorise une culture proche de celle des classes dominantes, ce qui favorise la réussite scolaire
des enfants issus de ces milieux.
→ Les inégalités de capital culturel se traduisent par des inégalités de réussite scolaire, qui à leur tour
déterminent les positions sociales futures.
→ L'école légitime les inégalités en les transformant en différences de mérite individuel.
Cependant, la reproduction sociale n'est pas absolue et des phénomènes de mobilité sociale existent :
- Les trajectoires atypiques : certains individus réussissent à s'élever socialement malgré une origine
sociale modeste.
- Les politiques de démocratisation scolaire : elles visent à réduire les inégalités d'accès à l'éducation.
- Les transformations économiques et sociales : elles peuvent créer de nouvelles opportunités de
mobilité.
C) Les enjeux de la mobilité sociale :
La mobilité sociale est un enjeu important pour les sociétés contemporaines :
- Elle est perçue comme un facteur de cohésion sociale et de légitimité du système social.
- Elle permet une allocation plus efficace des talents et des compétences.
- Elle peut contribuer à réduire les inégalités et à favoriser l'égalité des chances.
Cependant, la mobilité sociale soulève aussi des questions :
- La tension entre méritocratie et reproduction sociale : comment concilier l'idéal méritocratique avec la
persistance des inégalités ?
- Les effets de la mobilité sur les individus : stress, déracinement, conflits identitaires.
- Les limites de la mobilité comme solution aux inégalités : faut-il privilégier la réduction des écarts entre
positions sociales plutôt que la mobilité individuelle ?
En conclusion, la compréhension des dynamiques de la structure sociale, entre mobilité et reproduction,
est essentielle pour analyser les inégalités et les enjeux sociaux contemporains. Elle invite à réfléchir aux
moyens de promouvoir une société plus juste et plus ouverte, tout en tenant compte des complexités et
des contradictions inhérentes à ces processus.
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3) Comprendre comment les différentes dimensions de la socialisation contribuent à la construction de
l'identité sociale :
A) La socialisation : un processus continu et multidimensionnel
➤ La socialisation désigne le processus par lequel les individus intériorisent les normes, les valeurs et les
rôles sociaux propres à leur groupe ou à la société dans laquelle ils vivent.
Ce processus se déroule tout au long de la vie et implique différentes instances de socialisation :
- La famille : premier lieu de socialisation, elle transmet des valeurs, des habitudes et des modèles de
comportement.
- L'école : elle joue un rôle crucial dans la transmission des savoirs, des normes et des compétences
sociales.
- Les pairs : les groupes d'amis influencent les goûts, les attitudes et les comportements, surtout à
l'adolescence.
- Les médias et les réseaux sociaux : ils diffusent des modèles culturels et des représentations sociales.
- Le travail : il socialise aux normes et aux valeurs professionnelles.
La socialisation comporte plusieurs dimensions :
- Cognitive : acquisition de connaissances et de compétences.
- Normative : intériorisation des règles et des valeurs sociales.
- Identitaire : construction de l'image de soi et du sentiment d'appartenance.
- Relationnelle : apprentissage des interactions sociales.
B) La construction de l'identité sociale
➤ L'identité sociale se définit comme l'ensemble des caractéristiques et des appartenances sociales
qu'un individu s'attribue et qui lui sont attribuées par les autres.
Elle se construit à travers plusieurs processus :
- L'identification : l'individu s'identifie à des modèles, des groupes ou des rôles sociaux.
- La différenciation : il se distingue des autres en affirmant sa singularité.
- La catégorisation sociale : il est classé dans des catégories sociales (genre, âge, profession, etc.).
- La reconnaissance : son identité est validée ou contestée par les autres.
L'identité sociale comporte plusieurs composantes :
- L'identité personnelle : traits de personnalité, histoire individuelle.
- L'identité collective : appartenance à des groupes sociaux.
- L'identité statutaire : liée à la position sociale (profession, statut familial, etc.).
- L'identité culturelle : liée aux origines, à la langue, aux traditions.
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La construction de l'identité sociale est influencée par divers facteurs :
- L'origine sociale : elle conditionne les ressources, les expériences et les opportunités.
- Le genre : les attentes et les rôles sociaux diffèrent selon le sexe.
- L'âge : chaque étape de la vie implique des enjeux identitaires spécifiques.
- Le contexte historique et culturel : il façonne les normes et les valeurs dominantes.
C) Les tensions et les enjeux de la construction identitaire
La construction de l'identité sociale peut être source de tensions et de conflits :
- Entre identité assignée et identité choisie : l'individu peut rejeter les catégories dans lesquelles il est
classé.
- Entre différentes appartenances : certaines identités peuvent entrer en contradiction (ex : identité
professionnelle vs identité familiale).
- Entre conformité et singularité : besoin d'appartenance vs désir de se distinguer.
- Entre stabilité et changement : l'identité évolue au cours de la vie, ce qui peut générer des crises
identitaires.
Les enjeux de la construction identitaire sont multiples :
- L'intégration sociale : l'identité permet de se situer dans la société et d'interagir avec les autres.
- La reconnaissance : le besoin d'être reconnu et valorisé dans son identité est fondamental.
- L'autonomie : la construction identitaire implique de faire des choix et d'affirmer sa personnalité.
- La cohésion sociale : le partage d'identités communes contribue au lien social.
En conclusion, la socialisation et la construction de l'identité sociale sont des processus complexes et
dynamiques qui jouent un rôle crucial dans la structuration de la société. Ils permettent la transmission
des normes et des valeurs, tout en laissant place à l'innovation et au changement social. Comprendre
ces mécanismes est essentiel pour analyser les enjeux sociaux contemporains, tels que l'intégration, la
diversité culturelle ou les inégalités sociales.
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Conclusion :
La structure de la société française actuelle se caractérise par sa complexité et sa multidimensionnalité.
L'analyse sociologique moderne va au-delà des classes sociales traditionnelles pour prendre en compte
une variété de facteurs qui contribuent à la stratification sociale.
Principaux points à retenir :
- La stratification sociale reflète les inégalités de position, de pouvoir, de richesse et de prestige au sein
de la société.
- L'espace social est structuré par différents types de capitaux (économique, culturel, social) qui
déterminent la position des individus et des groupes.
- Les catégories socioprofessionnelles (CSP) et le niveau de diplôme restent des facteurs majeurs de
hiérarchisation sociale, mais d'autres critères comme le genre, l'âge, l'origine ethnique et le lieu de
résidence jouent également un rôle important.
- Les inégalités sont souvent cumulatives et s'auto-entretiennent, créant des mécanismes de
reproduction sociale.
- La mobilité sociale existe, mais elle reste limitée et influencée par l'origine sociale.
- La socialisation et la construction de l'identité sociale sont des processus continus qui contribuent à la
fois à la reproduction et à la transformation de la structure sociale.
Enjeux et perspectives :
- La persistance des inégalités sociales pose la question de l'efficacité des politiques de redistribution et
d'égalité des chances.
- La complexification de la structure sociale rend nécessaire une approche intersectionnelle des
inégalités, prenant en compte les interactions entre différents facteurs de différenciation sociale.
- Les transformations économiques et technologiques (numérisation, mondialisation) soulèvent de
nouveaux défis en termes de stratification sociale et de mobilité.
- La question de la cohésion sociale dans une société de plus en plus diverse et fragmentée reste un
enjeu majeur.
En conclusion, comprendre la structure de la société française actuelle nécessite une analyse fine et
nuancée, prenant en compte la multiplicité des facteurs qui façonnent l'espace social. Cette
compréhension est essentielle pour élaborer des politiques publiques adaptées aux réalités sociales
contemporaines et pour promouvoir une société plus juste et inclusive.
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Méthodologie :
Pour analyser la structure de la société française actuelle, plusieurs approches méthodologiques
peuvent être mobilisées :
- Analyse quantitative :
- Utilisation de données statistiques (INSEE, INED, etc.) pour mesurer les inégalités et la mobilité sociale.
- Construction et interprétation de tables de mobilité.
- Calcul d'indicateurs d'inégalités (indice de Gini, rapports interdéciles, etc.).
- Analyse qualitative :
- Entretiens biographiques pour comprendre les trajectoires individuelles et les processus de
construction identitaire.
- Observations participantes pour étudier les pratiques sociales et les interactions au sein de différents
groupes.
- Analyse de discours pour saisir les représentations sociales et les systèmes de valeurs.
- Approche comparative :
- Comparaison internationale pour situer la structure sociale française par rapport à d'autres pays.
- Comparaison historique pour analyser l'évolution de la stratification sociale dans le temps.
- Approche intersectionnelle :
- Prise en compte des interactions entre différents critères de différenciation sociale (classe, genre,
origine ethnique, etc.).
- Analyse des effets cumulatifs des inégalités.
- Cartographie sociale :
- Représentation spatiale des inégalités et de la ségrégation urbaine.
- Analyse des liens entre territoire et structure sociale.
Conseils pour la dissertation :
- Définir clairement les concepts clés (stratification sociale, espace social, mobilité, etc.).
- Structurer votre argumentation de manière logique et progressive.
- Illustrer vos propos avec des données chiffrées et des exemples concrets.
- Nuancer votre analyse en prenant en compte la complexité et la diversité des situations sociales.
- Adopter une perspective critique en questionnant les limites des approches théoriques et
méthodologiques.
- Conclure en ouvrant sur les enjeux contemporains et les perspectives futures de la structure sociale
française.
p10:
Bibliographie :
Ouvrages généraux :
- Bourdieu, P. (1979). La Distinction. Critique sociale du jugement. Paris : Éditions de Minuit.
- Chauvel, L. (2016). La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions. Paris : Seuil.
- Merllié, D. et Prévot, J. (1997). La mobilité sociale. Paris : La Découverte.
- Peugny, C. (2013). Le destin au berceau. Inégalités et reproduction sociale. Paris : Seuil.
Articles scientifiques :
- Baudelot, C. et Establet, R. (2006). "Classes sociales et inégalités à l'école : bilan et perspectives".
Regards croisés sur l'économie, 2(2), 194-203.
- Coulangeon, P. (2004). "Classes sociales, pratiques culturelles et styles de vie : le modèle de la
distinction est-il (vraiment) obsolète ?". Sociologie et sociétés, 36(1), 59-85.
- Duru-Bellat, M. (2006). "L'inflation scolaire : les désillusions de la méritocratie". Paris : Seuil.
- Goux, D. et Maurin, É. (2012). "Les nouvelles classes moyennes". Paris : Seuil.
Rapports et études :
- INSEE (2019). "France, portrait social". Edition 2019.
- Observatoire des inégalités (2019). "Rapport sur les inégalités en France".
- OCDE (2018). "L'ascenseur social en panne ? Comment promouvoir la mobilité sociale".
Ressources en ligne :
- Site de l'INSEE : www.insee.fr
- Observatoire des inégalités : www.inegalites.fr
- France Stratégie : www.strategie.gouv.fr
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Glossaire :
Capital : Ensemble des ressources (économiques, culturelles, sociales) dont dispose un individu et qu'il
peut mobiliser dans différentes situations sociales.
Catégorie socioprofessionnelle (CSP) : Classification des individus selon leur situation professionnelle,
utilisée par l'INSEE pour analyser la structure sociale.
Déclassement social : Situation d'un individu qui occupe une position sociale inférieure à celle de ses
parents ou à celle à laquelle il pouvait prétendre compte tenu de son niveau de formation.
Discrimination : Traitement défavorable d'un individu ou d'un groupe en raison de caractéristiques
personnelles (origine, sexe, âge, etc.).
Espace social : Représentation théorique de la société comme un espace multidimensionnel où les
individus sont positionnés selon leurs ressources et leurs caractéristiques sociales.
Habitus : Ensemble des dispositions durables acquises par un individu au cours de sa socialisation, qui
orientent ses pratiques et ses représentations.
Inégalités : Différences d'accès aux ressources valorisées socialement (revenus, éducation, santé, etc.)
entre individus ou groupes sociaux.
Mobilité sociale : Changement de position sociale d'un individu au cours de sa vie (mobilité
intragénérationnelle) ou par rapport à ses parents (mobilité intergénérationnelle).
Reproduction sociale : Processus par lequel les inégalités et les positions sociales se transmettent d'une
génération à l'autre.
Ségrégation : Séparation spatiale des groupes sociaux, souvent liée à des inégalités économiques ou
ethniques.
Socialisation : Processus par lequel les individus intériorisent les normes, les valeurs et les rôles sociaux
de leur groupe ou de la société.
Stratification sociale : Hiérarchisation des individus et des groupes au sein d'une société selon différents
critères (revenus, prestige, pouvoir, etc.).