Les Ambiguïtés du Pouvoir Présidentiel
En pratique, les présidents de la 5ème République ont surtout été actifs plutôt que passifs. L'arbitre présidentiel n'hésite pas à "s'emparer du ballon" quand il estime que les autres "joueurs" compromettent les intérêts supérieurs de l'État.
Des exemples marquants illustrent cette conception active : de Gaulle refuse en 1960 de réunir le parlement malgré les conditions constitutionnelles remplies, estimant que les députés subissent la pression des agriculteurs. Mitterrand refuse en 1996 de signer des ordonnances de privatisation au conseil des ministres.
Cette conception du pouvoir transforme progressivement le président arbitre en président qui commande, particulièrement face aux crises (guerre d'Algérie pour de Gaulle). On passe ainsi d'un régime parlementaire théorique vers un fonctionnement présidentialiste.
La constitution révèle des contradictions manifestes : l'article 5 évoque l'arbitrage présidentiel tandis que l'article 20 affirme que "le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation". En réalité, sauf en période de cohabitation (9 ans sur 66), le gouvernement voit son rôle confisqué par le chef d'État.
Le président dispose d'armes institutionnelles concentrées dans ses mains : droit de dissolution personnel, référendum qui court-circuite le parlement, article 16 permettant l'exercice de tous les pouvoirs en cas de crise majeure. Depuis 1962 (élection au suffrage universel direct) et 2000 (quinquennat), son influence s'est encore renforcée.
République hybride : Ce système unique permet une variabilité exceptionnelle des pouvoirs présidentiels selon les circonstances et la personnalité du chef d'État.