High School (1968) - Le documentaire qui dérange
Imagine un réalisateur qui s'installe dans ton lycée pendant des semaines, caméra à l'épaule, pour filmer tout ce qui s'y passe. C'est exactement ce qu'a fait Frederick Wiseman en 1968 avec son documentaire "High School". Son objectif ? Montrer la réalité des lycées américains sans artifice.
Ce qui rend ce film unique, c'est sa méthode de création. Wiseman n'a pas écrit de scénario à l'avance - il a tout construit au montage en assemblant différents moments captés sur plusieurs semaines. Le résultat ressemble à un ensemble de chroniques du quotidien lycéen.
Le réalisateur reste complètement invisible et silencieux. Il n'intervient jamais, ne pose aucune question, ne donne aucun avis. Il observe comme un fantôme et nous laisse tirer nos propres conclusions sur ce qu'on voit.
À retenir : Ce documentaire fonctionne comme un miroir - il montre la réalité sans la juger, à nous de réfléchir sur ce que nous voyons.
Ce qui frappe le plus, c'est le détachement total de ce lycée face aux événements majeurs de 1968 : la mort de Martin Luther King, la guerre du Vietnam, la conquête spatiale... Rien de tout ça n'existe dans ces murs. L'école semble créer une bulle coupée du monde réel, focalisée sur former de "bons citoyens" et de "bons soldats" - une réalité glaçante révélée par la lettre lue en fin de film.
L'établissement devient un véritable labyrinthe oppressant avec ses longs couloirs où élèves et spectateurs se perdent. Les gros plans du cadreur Richard Leiterman enferment littéralement les personnages à l'écran, créant une sensation d'étouffement qui reflète parfaitement l'atmosphère autoritaire du lieu.