Une expérience initiatique et identitaire
Paradoxalement, c'est dans la solitude que cette expérience prend toute sa dimension : "j'allais seule" dans "ce pays mal pensant" mais "sans danger". Cette solitude semble indispensable à la communion avec la nature et à la découverte de soi.
L'importance fondatrice de ces moments est soulignée par les démonstratifs et le parallélisme : "c'est sur ce chemin", "c'est à cette heure" que l'enfant prend "conscience" d'elle-même. Cette expérience dépasse les mots, qualifiée d'"état de grâce indicible" - révélant le caractère existentiel de ces promenades matinales.
La fin du passage revient à Sido, la mère admirative qui contemple sa fille. Les mots d'amour qu'elle prononce - "Beauté, Joyau tout en or" - résonnent avec la lumière de l'aube, créant une harmonie entre l'amour maternel et le monde naturel. La mère considère sa fille comme "son œuvre" et "son chef-d'œuvre", établissant un parallèle entre création maternelle et création du jour.
Le texte s'achève sur un regard plus distancié de la narratrice adulte, qui reconnait toutefois sa beauté d'enfant "à cause de mon âge et du lever du jour". Cette communion entre l'enfant et la nature culmine dans l'antithèse entre "l'enfant éveillé" et "les autres enfants endormis", plaçant Colette et sa mère dans une catégorie à part.
Astuce : Remarquez comment Colette utilise les répétitions ("c'est sur ce chemin", "c'est à cette heure") pour créer un rythme poétique qui renforce l'impression de moment sacré et unique.