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Analyse linéaire acte 2 scène 10, Les Fausses Confidences

25/06/2023

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Objet d'étude n°3- Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Marivaux, Les fausses confidences ou la comédie d'intrigue
Parcours associé : Théâtre
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Marivaux, Les fausses confidences ou la comédie d'intrigue
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Objet d'étude n°3- Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Marivaux, Les fausses confidences ou la comédie d'intrigue Parcours associé : Théâtre et stratagème Explication linéaire n°12 - Acte II scène 10 Problématique : En quoi cette querelle est-elle une scène de comédie savamment orchestrée par Dubois pour obliger Araminte à découvrir ses sentiments ? Procédés et interprétation Pour sa première intervention dans la scène, Madame Argante, qui prend la parole juste après sa fille, se pose en juge et appelle Dubois à la barre et ordonne ( << approchez et apprenez-nous »). Elle emploie des tournures impersonnelles telles que « il serait bon » et utilise la première personne du pluriel (qui peut marquer 1) la présence de tout un public de jurés puisque cette scène vient interrompre une scène à propos du portrait peint qui rassemblait déjà Madame Argante, Araminte, Le comte et Marton / 2) une association à sa fille dont elle nie alors l'indépendance / 3) un nous de majesté qui conviendrait assez bien à madame Argante). >> Comme elle est chez elle, elle use d'un ton autoritaire (usage des impératifs) et son intervention, qui fait écho à celle de sa fille, laisse clairement entendre son animosité envers Dorante et sa volonté de diriger sa fille dont elle semble...

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reformuler ici les paroles (« De quoi s'agit-il ? ») en les corrigeant par une prise explicite de position « contre Dorante ». Sa reprise du terme « ce mot » (dont elle a entendu qu'il aurait le pouvoir de faire « sortir » Dorante en début de la scène) la fait entrer dans le dialogue des serviteurs commencé hors scène à la fin de la scène 9 (« Mais quel bruit entendons-nous ? ») et fait basculer son personnage dans la scène de farce (querelle des valets et comique de répétition). C'est justement Arlequin, valet de comédie (archétype du valet de la commedia dell'arte, répondant à certaines caractéristiques immuables qui permettent au spectateur de l'identifier : naïveté de langage, intérêts grossiers pour la bonne chère, la boisson, l'argent ...) qui reprend à son tour les paroles de madame Argante, bien qu'il use de l'antiphrase par provocation belliqueuse envers Dubois, mettant sans le savoir l'accent sur les dangers du langage et sur l'habileté de Dubois à manier celui-ci.. Citations Premier mouvement - une querelle de comédie MADAME ARGANTE.- Approchez, Dubois. Apprenez-nous ce que c'est que ce mot que vous diriez contre Dorante; il serait bon de savoir ce que c'est. ARLEQUIN.- Prononce donc ce mot. ARAMINTE.-Tais-toi, laisse-le parler. DUBOIS. Il y a une heure qu'il me dit mille invectives, Madame. ARLEQUIN.- Je soutiens les intérêts de mon maître, je tire des gages pour cela, et je ne souffrirai point qu'un ostrogoth menace mon maître d'un mot ; j'en demande justice à Madame. MADAME ARGANTE.- Mais, encore une fois, sachons ce que veut dire Dubois par ce mot : c'est le plus pressé. ARLEQUIN.- Je le défie d'en dire seulement une lettre. Araminte, débordée par les événements, essaie alors de reprendre son autorité, ce qu'elle fait en employant des impératifs pour tenter de distribuer la parole (« Tais-toi, laisse-le parler. »). Dubois qui est invité à s'expliquer diffère pourtant encore sa révélation pour se plaindre de manière hyperbolique («< une heure »>, << mille invectives) du comportement d'Arlequin, l'échauffant ainsi davantage. On comprend alors que la querelle des valets fait partie du stratagème de Dubois et que c'est lui qui orchestre la farce et donne le tempo. Arlequin, manipulé par Dubois, comble alors les attentes du spectateur : il jure («< ostrogoth »), insiste sur son rôle de valet (au service d'un maître) dont la loyauté est directement liée à l'argent reçu (« je tire des gages pour cela ») et répète encore ce << mot » qui contribue au comique de répétition et ralentit la scène sur le modèle traditionnel de la scène de comédie avec un valet balourd. Il « demande justice », ce qui fait écho à l'attitude de juge prise par madame Argante et souligne l'importance de l'enjeu visible cette scène (« si je disais un mot, ton maître sortirait bien vite >>) qui repose pourtant entièrement sur la révélation faite par Dubois (et présentée en début de scène dans une proposition circonstancielle de condition, comme une éventualité par Dubois et entendue comme une menace bien réelle par Arlequin qui n'a pas conscience du stratagème). Objet d'étude n°3- Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Marivaux, Les fausses confidences ou la comédie d'intrigue Parcours associé : Théâtre et stratagème Explication linéaire n°12 - Acte II scène 10 Deuxième mouvement - la fausse confidence DUBOIS. C'est par pure colère que j'ai fait cette menace, Madame; et voici la cause de la dispute. En arrangeant l'appartement de Monsieur Dorante, j'ai vu par hasard un tableau où Madame est peinte, et j'ai cru qu'il fallait l'ôter, qu'il n'avait que faire là, qu'il n'était point décent qu'il y restât; de sorte que j'ai été pour le détacher ; ce butor est venu pour m'en empêcher, et peu s'en est fallu que nous ne nous soyons battus. ARLEQUIN.- Sans doute, de quoi t'avises-tu d'ôter ce tableau qui est tout à fait gracieux, que mon maître considérait il n'y avait qu'un moment avec toute la satisfaction possible ? Car je l'avais vu qui l'avait contemplé de tout son cœur, et il prend fantaisie à ce brutal de le priver d'une peinture qui réjouit cet honnête homme. Voyez la malice ! Ôte-lui quelque autre meuble, s'il en a trop, mais laisse-lui cette pièce, animal. L'intervention de Madame Argante (avec «< encore une fois » la répétition de « mot ») marque le désordre qui règne et l'impossibilité de s'y retrouver. L'impatience des « personnages -spectateurs » devient palpable et la juxtaposition de << c'est le plus pressé » marque la montée de l'intérêt des personnages en même temps que celle des spectateurs qui ont hâte de savoir ce que Dubois a encore inventé. Le vocabulaire d'Arlequin laisse supposer que Dubois << menace >> Dorante et va contre ses « intérêts » mais il ne comprend pas tout et sa reprise du mot en « lettre » marque qu'il comprend uniquement ce qui est explicite, littéral (un mot unique, fait de plusieurs lettres est ce qu'il attend et il n'imagine pas le propos plus construit que Dubois a cependant préparé). Outre le comique de « mots », le spectateur perçoit alors la nécessité de comprendre la motivation cachée de Dubois, la raison qui l'a poussé à organiser cette dispute. Deuxième mouvement - la fausse confidence Dubois joue le rôle du valet offusqué, se plaçant du côté de madame Argante («Madame » reprend la dernière à avoir parlé). Il porte alors « un masque » et ne dit pas la vérité : il prétend expliquer « la dispute » par sa colère qui semble être la cause d'une réaction spontanée et impulsive alors que nous pouvons supposer qu'elle est feinte puisqu'il va calmement expliquer ce pourquoi il s'est mis dans une telle colère. Son discours est construit et plein de compléments circonstanciels: après avoir annoncé son projet (avec l'utilisation d'un présentatif << et voici la cause ») il commence par expliquer les circonstances («< en arrangeant l'appartement de monsieur Dorante >>, << par hasard ») et ce qui en a résulté (proposition subordonnée circonstancielle de conséquence«< de sorte que j'ai été pour le détacher >>). L'usage qu'il fait alors de la parataxe (emploi de propositions indépendantes juxtaposées« ce butor ...battus ») marque une rupture et explique le désaccord. Cette mésentente est soulignée par l'emploi de l'injure «<butor » et par l'évocation de la violence physique qui aurait pu en résulter (<< et peu s'en est fallu que nous ne nous soyons battus »). On comprend que Dubois rapporte une version modifiée de ce qui s'est produit car il cherche à éprouver Araminte. Le verbe d'opinion << j'ai cru » est complété par 3 subordonnées successives « qu'il fallait l'ôter, qu'il n'avait que faire là, qu'il n'était point décent qu'il y restât » qui marquent le cheminement de sa réprobation et font de lui l'arbitre de la morale. Par son récit insistant, Dubois parvient à utiliser un épisode secondaire, tissé d'événements fortuits et existants indépendamment de lui, pour échafauder son plan et atteindre son objectif. Il apporte publiquement et indéniablement la preuve de ce qui était pressenti par Madame Argante et par le Comte à la scène précédente: Dorante est amoureux d'Araminte et elle devrait le renvoyer pour cela. Le choix du portrait est particulièrement amusant puisque c'est déjà à propos d'un portrait en miniature qu'Araminte ressentait de l'embarras à la scène précédente. Le second portrait, celui du << tableau >> dont la présence gênante (parce qu'elle occupe tous les discours) est liée au « hasard », est un moyen de prendre la mesure de l'attachement d'Araminte à Dorante. L'emploi du terme « hasard » est source de comique pour le spectateur qui sait bien que Dubois manigance tout depuis le début. Arlequin devient malgré lui un auxiliaire précieux : le portrait qu'il fait ingénument de Dorante en << honnête homme >> montre l'étendue et la sincérité de son amour : ce qui amuse le spectateur par son inconvenance et scandalise les autres personnages ne peut manquer de toucher et de flatter Araminte. L'innocence du valet est marquée par l'émotion (phrases exclamatives et interrogatives) et par l'indignation (impératif, insulte « animal » et répétition du terme « ôter) qu'il manifeste. Il ne se rend pas compte de l'inconvenance de ce qu'il rapporte du «< hors scène » et Objet d'étude n°3- Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Marivaux, Les fausses confidences ou la comédie d'intrigue Parcours associé : Théâtre et stratagème Explication linéaire n°12 - Acte II scène 10 DUBOIS.- Et moi, je te dis qu'on ne la laissera point, que je la détacherai moi-même, que tu en auras le démenti, et que Madame le voudra ainsi. Troisième mouvement - la réussite du stratagème ARAMINTE.- Eh ! Que m'importe ? Il était bien nécessaire de faire ce bruit-là pour un vieux tableau qu'on a mis là par hasard, et qui y est resté. Laissez-nous. Cela vaut-il la peine qu'on en parle ? MADAME ARGANTE, d'un ton aigre.- Vous m'excuserez, ma fille ; ce n'est point là sa place, et il n'y a qu'à l'ôter; votre intendant se passera bien de ses contemplations. insiste sur le ravissement extatique de Dorante (» gracieux », « considérait », « avec toute la satisfaction possible »>, << contemplé de tout son cœur », « réjouit »). L'exclamation << voyez la malice ! » est comique puisque Arlequin parait tellement sans malice qu'il ne voit pas la manipulation dont il est l'objet. Le valet ingénu croit même s'opposer à Dubois (il l'insulte à nouveau indirectement: << ce brutal », puis directement: apostrophe : « animal »). Si la complicité d'Arlequin est exclue, le spectateur ne peut toutefois pas démêler ici la part de vérité et de jeu dans l'attitude de Dorante peint en adorateur du portrait (champ lexical du regard- qui crée une mise en abyme et établit un double tableau). Dubois poursuit son double jeu et manifeste un zèle excessif en prétendant jouer un rôle actif au service de sa maitresse («< répétition de « moi ») avant même qu'elle ait exprimé sa volonté (« madame le voudra ainsi »). En réalité, il espère l'inverse: en poussant Araminte à prendre la décision de détacher le portrait, en feignant de croire que sa volonté s'accorde avec celle de sa mère, il se montre fin psychologue et l'encourage à s'affirmer et à analyser son sentiment par rapport à Dorante. Pour y parvenir, il multiplie les propositions subordonnées complétives (4) dont il reproduit la structure (Que + verbe au futur) tout en multipliant les sujets (on-je- tu et Madame ) de manière à irriter Araminte dont la volonté est citée en dernier lieu, comme une conséquence (« ainsi ») des autres actions plus que comme l'origine de ces actions. Une telle chute semble priver Araminte de ses décisions. Troisième mouvement - la réussite du stratagème Pour ne pas être niée, Araminte se voit donc poussée à reprendre sa parole. C'est ce qu'elle fait spontanément avec une interjection « Eh ! » qui marque son dépit. Elle utilise ensuite des phrases interrogatives qui la dispensent d'exprimer ouvertement son opinion. Elle semble vouloir réduire l'importance de ce qu'elle vient d'apprendre : outre les phrase interrogatives qui marquent son absence de jugement et semblent résulter de son indifférence, elle déprécie le tableau (Arlequin l'avait qualifié de « gracieux», elle le qualifie de «< vieux »), elle reprend aussi à son compte la responsabilité du « hasard »>. Elle cherche ensuite à se débarrasser des valets importuns pour en finir avec cette discussion « laissez-nous » et marque son embarras en regrettant qu'ils aient parlé (elle utilise l'antiphrase << Il était bien nécessaire de faire ce bruit-là » et pose la question de l'intérêt d'un tel discours : « Cela vaut-il la peine qu'on en parle ? avec une interrogation rhétorique qui interdit la réponse). On remarque que ces deux phrases restent des phrases impersonnelles qui semblent là pour manifester le détachement d'Araminte. Quelles que soient les excuses qu'elle avance, le fait que Dorante admire son tableau n'en reste pas moins inconvenant et la réponse qu'elle fait trahit sa mauvaise foi puisqu'elle ne donne aucun ordre à Dubois et cherche à esquiver la difficulté, faisant taire la querelle sans y apporter son jugement. Madame Argante trouve à redire (elle prend la parole après elle pour la corriger) au fait qu'Araminte évite soigneusement de répondre. La didascalie souligne le désaccord entre les deux femmes, moins spectaculaire mais plus authentique que celui qui opposait les valets mais qui conduit le spectateur à critiquer ce personnage si enfermé dans ses préjugés qu'il s'oppose, comme la plupart des parents de comédie (dont son nom même la rapproche si l'on songe à l'Argante présent chez Molière), au bonheur des jeunes gens. Madame Argante reprend sèchement sa fille (<< vous m'excuserez, ma fille ») pour lui faire la leçon par une succession de propositions indépendantes courtes et fermes Objet d'étude n°3- Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Marivaux, Les fausses confidences ou la comédie d'intrigue Parcours associé : Théâtre et stratagème Explication linéaire n°12 - Acte II scène 10 ARAMINTE, souriant d'un air railleur.- Oh ! Vous avez raison. Je ne pense pas qu'il les regrette. À Arlequin et à Dubois .Retirez-vous tous deux. mais essentiellement négatives ou restrictives: « ce n'est point là sa place », « il n'y a qu'à l'ôter ». Le mépris de Madame Argante envers Dorante transparait dans le déterminant possessif « votre intendant » et le pluriel de « ses contemplations ». On peut même se demander si c'est du tableau ou de l'intendant (le mot « place » permettant de désigner un emploi subalterne) qu'elle envisage le départ. Bien que clairvoyante, Madame Argante n'échappe toutefois pas à l'emprise de Dubois qui lui a dicté son rôle en soulignant l'inconvenance et en proposant de retirer lui- même le tableau (on note que comme Arlequin, elle insiste pour que le tableau soit « ôté » et qu'elle reprend le terme le plus révélateur employé par celui-ci -<< contemplations »). Son ton « aigre » la porte toutefois à l'ironie. Contre toute attente, Araminte ne semble pas impressionnée par les reproches ironiques de sa mère mais elle adopte alors un ton nouveau (d'un air railleur) pour éconduire sa requête. Tout en faisant bonne figure («< souriant >>) de manière à ne pas avoir à se justifier : elle feint de se ranger à l'avis de sa mère («< Oh ! Vous avez raison »>.) alors qu'elle a choisi de ne pas tenir compte du reproche (puisque dans un aparté à Arlequin et Dubois, elle les congédie sans leur donner d'ordre précis). Sa phrase « je ne pense pas qu'il les regrette » reste peu explicite : Araminte essaie- t-elle d'atténuer la faute de son intendant ? Essaie-t-elle de plaisanter pour montrer son indifférence ? Considère-t- elle qu'il n'aura pas à se plaindre parce qu'il verra << l'original » davantage après cela ? A la fin de cette scène comique, elle semble avoir réussi à échapper au piège de Dubois puisqu'elle retrouve son autorité (<< impératif ») sur ses employés, qu'elle fait taire sa mère en détournant habilement le sujet et qu'elle s'en tire sans avoir à prendre de décision. Le public peut toutefois constater qu'elle a encore repoussé l'idée de congédier Dorante (c'est ainsi que s'achevait aussi la scène précédente où elle annonçait vouloir garder le portrait miniature pour elle afin de faire taire tout le monde). Son intérêt pour Dorante, conscient ou non, semble donc de plus en plus évident pour le spectateur et l'on peut considérer que le stratagème de Dubois est efficace. Introduction : Les Fausses confidences est une comédie en 3 actes de Marivaux qui ne fut d'abord jouée que 5 fois en mars 1737 par les Comédiens Italiens et dont le succès fut médiocre. La critique pointa son trop grand raffinement de langage, son manque d'action et le caractère trop abstrait de son intrigue. Reprise en juillet 1738, elle aura pourtant un plus grand succès et ce sera même la première des pièces de Marivaux à entrer au répertoire de la Comédie française. Elle repose sur une intrigue complexe : Dorante, qui n'a d'autre fortune que sa bonne mine, est éperdument amoureux d'Araminte, une très riche et très raisonnable veuve. Il s'en remet à son ancien valet, Dubois, pour construire un stratagème qui rendra possible leur union. Dorante s'est fait engager comme Intendant chez Araminte. Le premier acte était centré sur une manipulation d'ordre rhétorique et sur les fausses confidences de Dubois à Araminte. Le deuxième acte se construit autour d'accessoires scéniques - des portraits et des lettres- qui permettent à Dubois de poursuivre ses manigances. Alors que les scènes 5 à 9 ont développé une intrigue autour d'un premier portrait dont la provenance mystérieuse met à mal Araminte, une querelle opposant Arlequin à Dubois, au sujet d'un deuxième portrait éclate aussitôt. On pourra donc se demander en quoi cette querelle, en apparence secondaire, est une scène savamment orchestrée par Dubois pour obliger Araminte à découvrir ses sentiments. L'explication suivra trois mouvements : les sept premières répliques qui reprennent les codes de la querelle de comédie permettront de montrer comment Dubois dirige les discours, les trois répliques suivantes seront consacrées à la révélation progressive de l'objet de la dispute et les trois dernières seront liées à la réaction d'Araminte face à cette nouvelle partie du stratagème. Objet d'étude n°3- Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Marivaux, Les fausses confidences ou la comédie d'intrigue Parcours associé : Théâtre et stratagème Explication linéaire n°12 - Acte II scène 10 Conclusion : Cette scène qui commence comme une scène traditionnelle de comédie se révèle assez vite être une mise en scène orchestrée par Dubois pour forcer Araminte à découvrir ses sentiments pour Dorante. On comprend ici l'étendue du talent de Dubois qui fait évoluer sa stratégie en y intégrant des événements imprévus, comme le tableau placé là « par hasard >>. Manipulateur de génie, il parvient à employer les personnages comme des marionnettes et à leur faire jouer, malgré eux, le rôle d'adjuvants : Arlequin par sa naïveté et Madame Argante, par sa prétention, contribuent à la prise de conscience d'Araminte et favorisent l'entreprise de Dubois. La présence de ce second portrait, qui amuse par l'emploi répété d'un même accessoire, dévoile au spectateur qu'Araminte n'est pas insensible au charme de Dorante alors qu'elle-même est en train de reconnaitre l'amour que lui porte Dorante. Dubois achèvera son projet en poussant Araminte à tomber elle-même dans le piège qu'elle croira tendre à Dorante pour le forcer à se déclarer.(II, 13)