La mie du pain
Ponge poursuit sa description poétique en s'intéressant à la mie du pain. Il utilise diverses techniques littéraires pour transformer cette partie intérieure du pain en un monde à part entière :
- Métaphore : Ponge compare le tissu de la mie à celui des éponges, des feuilles ou des fleurs.
Quote: "la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois."
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Champ lexical de la nature : L'utilisation de termes comme "éponges", "feuilles", "fleurs" crée un univers végétal à l'intérieur du pain.
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Personnification : Ponge décrit le vieillissement du pain comme un processus de flétrissement : "Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent".
Highlight: Cette description donne l'impression au lecteur d'assister à la plongée du regard à l'intérieur du pain, transformant la mie en tout un monde.
Ponge exprime une préférence pour la croûte par rapport à la mie, utilisant un champ lexical péjoratif pour décrire cette dernière : "lâche", "ignoble mollesse".
Le rassissement du pain est décrit comme un mouvement d'érosion et de destruction, poursuivant la métaphore géologique.
La chute du poème, dans la dernière strophe, marque un retour à la réalité :
Quote: "Mais brisons-là : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation."
Cette conclusion abrupte rappelle la fonction première du pain comme aliment, tout en suggérant une morale épicurienne sur l'importance de savoir profiter des bonnes choses à temps.
Ainsi, Francis Ponge transforme le pain, objet banal du quotidien, en un monde poétique riche et complexe, avant de le ramener à sa fonction première de nourriture. Ce poème illustre parfaitement l'approche unique de Ponge dans "Le parti pris des choses", donnant une nouvelle perspective sur les objets ordinaires qui nous entourent.