La rencontre avec la serveuse et la transfiguration du quotidien
L'apparition de la serveuse constitue un moment clé du poème, introduit par un présentatif qui traduit l'impatience du narrateur : "Et ce fut adorable". Rimbaud la décrit avec une hyperbole presque comique ("la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs") qui insiste sur sa sensualité débordante.
Le poète utilise un ton complice avec le lecteur, notamment dans l'aparté entre tirets : "Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure !". Ce présent de vérité générale et l'emploi du régionalisme "épeure" (pour "effraie") créent une connivence, comme si le lecteur connaissait parfaitement ce type de femme.
La répétition du mot "jambon" (vers 4, 11 et 12) produit un effet de confusion qui renforce l'atmosphère chaotique du cabaret. Cette insistance sur un élément prosaïque souligne aussi la vulgarité assumée de l'environnement, en rupture avec la poésie noble.
🌟 Dans ce poème, Rimbaud transforme les plaisirs les plus ordinaires (nourriture, boisson) en expérience poétique intense, montrant que la poésie peut naître des réalités les plus simples.