La satisfaction égoïste et le triomphe de l'hypocrisie
Une fois la nourriture obtenue, les voyageurs se jettent dessus avec voracité. Les verbes comme "engloutissaient" et les adverbes "férocement" ou "sans cesse" soulignent leur comportement bestial. Maupassant les réduit à de simples "bouches", les déshumanisant pour mieux exposer leur animalité.
Loiseau, particulièrement égoïste, "travaillait dur" pour avaler le plus possible. Sa femme, après "une crispation" révélatrice de son dégoût pour Boule de Suif, finit par céder à la faim. L'hypocrisie atteint son comble quand Loiseau qualifie la prostituée de "charmante compagne" tout en "arrondissant sa phrase" pour la flatter.
La scène se termine sur une note d'ironie avec Cornudet, dont le geste suggère une intention érotique, complétant ainsi le tableau de l'hypocrisie générale. Chaque personnage, ayant satisfait sa faim grâce à la générosité de Boule de Suif, continue néanmoins à la mépriser.
Cette scène est emblématique de la critique sociale de Maupassant. Elle dévoile comment la faim, besoin primaire, fait tomber les masques sociaux et expose les vraies natures. Ironiquement, c'est la prostituée, censée être moralement inférieure, qui se révèle la plus digne et généreuse de tous.
🧠 Pour approfondir : Compare cette scène avec d'autres œuvres naturalistes comme "Le festin de l'oie" dans L'Assommoir de Zola. Les deux auteurs utilisent les repas comme révélateurs des failles sociales.