Analyse du Poème
Le poème s'ouvre sur un cadre naturel idyllique : "un trou de verdure où chante une rivière". Rimbaud anime cette nature par des verbes d'action et des images poétiques comme les "haillons d'argent" qui symbolisent les reflets de l'eau. Le champ lexical de la lumière ("soleil", "luit", "rayons") crée une atmosphère qui contraste délibérément avec l'horreur sous-jacente.
Apparaît ensuite un soldat jeune, décrit avec précision : "bouche ouverte, tête nue". Son visage pâle et son corps étendu dans "son lit vert" suggèrent déjà un malaise. Le poète insiste sur l'apparente tranquillité du dormeur : "il dort", répété trois fois, et son sourire "comme sourirait un enfant malade" évoque l'innocence.
La nature est personnifiée lorsque Rimbaud l'implore : "Nature, berce-le chaudement: il a froid." Cette antithèse révèle l'impuissance de la nature face à la mort. L'absence de réaction du soldat aux parfums et à la chaleur du soleil prépare la chute dramatique du poème.
Astuce de lecture : Remarquez comment Rimbaud utilise l'ironie tragique tout au long du poème - ce qui semble être un sommeil paisible est en réalité la mort, révélée seulement au dernier vers : "Il a deux trous rouges au côté droit."