Techniques poétiques et effets de style
Rimbaud maîtrise déjà parfaitement les techniques poétiques pour servir son message. L'immersion brutale sur le champ de bataille utilise tous les registres sensoriels : l'ouïe avec les allitérations agressives, la vue avec les contrastes colorés violents.
Le champ lexical guerrier ("mitraille", "bataillons", "cent milliers d'hommes") plonge directement dans l'action. Les verbes d'action au présent ("raille", "croulent", "broie") créent une répétition inlassable du carnage, comme si cette violence ne s'arrêtait jamais.
L'antithèse "crachats rouges" / "ciel bleu" révèle l'absurdité du conflit : comment la violence peut-elle exploser dans un décor si serein ? Cette opposition souligne le caractère contre-nature de la guerre.
La personnification de la Nature ("ô toi qui fis ces hommes saintement") oppose une divinité bienveillante au Dieu cynique des églises. Le tutoiement affectif contraste avec la distance froide du "un Dieu" des tercets.
Les enjambements créent des ruptures brutales, notamment vers 11-12 qui ramène violemment à la souffrance des mères. Ces procédés techniques amplifient l'émotion et la révolte.
Méthode : Repère toujours comment les procédés stylistiques servent le sens du poème, jamais l'inverse.