Analyse du poème "Ma Bohème"
Dès les premiers vers, Rimbaud se présente comme un poète en haillons, avec "les poings dans mes poches crevées" et un "paletot" devenu "idéal". Cette apparence misérable contraste avec sa richesse intérieure. Il s'adresse directement à sa Muse, se proclamant son "féal", avant de rompre le ton solennel par l'exclamation familière "Oh ! là ! là !".
Le poète dépeint son errance comme une expérience créatrice : il "égrène des rimes" en marchant, tel un "Petit-Poucet rêveur". Le ciel nocturne devient son refuge - "Mon auberge était à la Grande-Ourse" - et les étoiles ses compagnes avec "un doux frou-frou", dans une belle personnification de la nature.
La communion du poète avec l'environnement naturel est palpable dans les tercets. Les "gouttes de rosée" sur son front sont comparées à "un vin de vigueur", suggérant l'inspiration et la force vitale. La création poétique se fait même dans les conditions les plus précaires, "rimant au milieu des ombres fantastiques".
Astuce d'analyse : Remarquez la comparaison finale entre les élastiques de ses souliers et les cordes d'une lyre - Rimbaud se présente comme un nouvel Orphée, capable de transformer même ses vêtements délabrés en instruments de poésie.
La chute du poème est particulièrement significative : le pied près du cœur suggère que le poète intègre dans son art ce qui lui est le plus cher, transformant son expérience de vagabond en une œuvre d'art sublime.