Le départ vers la nature : une quête d'émancipation
Dès le début, Rimbaud adopte un ton particulier en utilisant "on" au lieu du "je" traditionnel du lyrisme poétique. Le premier vers s'ouvre comme un aphorisme au présent de vérité générale : "On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans". Cette distance ironique marque déjà une rupture avec la tradition.
Le récit commence véritablement au deuxième vers avec "un beau soir", comme dans un conte. Le personnage quitte les "cafés tapageurs" et leurs "lustres éclatants" pour se diriger vers les tilleuls, symboles d'une nature apaisante. Ce mouvement traduit un désir de liberté et une recherche de sensations plus authentiques que celles offertes par la ville.
La deuxième strophe déploie une richesse de sensations physiques créant une synesthésie baudelairienne. L'odorat domine avec "l'air embaumé", "le vent chargé de bruits" et "les parfums de vigne et de bière", suggérant une forme d'ivresse naturelle. Mais cette nature reste assez urbaine, et la simplicité du vocabulaire et du rythme régulier crée un contraste avec l'exaltation du personnage.
💡 Remarque importante : Rimbaud utilise les tirets et les points de suspension pour marquer sa distance avec le lyrisme traditionnel, tout en évoquant les sensations de manière sensible mais teintée d'ironie.