Le journal d'une fugue
Rimbaud commence son poème comme une page de journal intime : "Depuis huit jours j'avais déchiré mes bottines aux cailloux des chemins". Cette indication temporelle nous plonge immédiatement dans sa réalité d'adolescent en quête de liberté. Ses bottines abîmées témoignent des efforts fournis pendant sa fugue.
Le poète utilise ensuite le temps du récit pour décrire précisément ce qu'il fait et observe à son arrivée au "Cabaret-Vert" à Charleroi. Il commande "des tartines de beurre et du jambon" avec un naturel qui contraste avec la difficulté de son voyage. Ce moment marque une pause bienfaisante dans son périple.
L'atmosphère apaisante du lieu est renforcée par la description de la table verte sous laquelle il allonge ses jambes fatiguées. Rimbaud partage ses sentiments et ses perceptions avec une sincérité touchante, nous faisant ressentir son soulagement.
Conseil de lecture : Remarquez comment Rimbaud transforme un moment ordinaire en expérience poétique. C'est l'art de voir la beauté dans les petites choses !
Dans la seconde partie du poème, l'arrivée de la serveuse "aux tétons énormes, aux yeux vifs" marque un tournant. Cette description corporelle révèle le désir naissant du jeune Rimbaud. La sensualité du moment est amplifiée par une attention aux détails sensoriels : le jambon "parfumé d'une gousse d'ail", la chope "immense avec sa mousse que dorait un rayon de soleil arriéré".