Rimbaud : entre tradition et révolution poétique
Au début, Rimbaud joue le jeu parfaitement. Il maîtrise la versification traditionnelle avec une discipline impressionnante : sonnets classiques (12 poèmes sur 21), alexandrins bien découpés, césures respectées. Dans "À la musique", chaque vers suit scrupuleusement la règle des 6/6 syllabes.
Côté thèmes, il reprend les topiques conventionnels sans broncher. L'amour universel avec ses références à Vénus et Aphrodité, le voyage initiatique du Petit-Poucet rêveur dans "Ma Bohème", la nature idéalisée... Tout y est ! Il s'inspire même d'Ophélie de Shakespeare, montrant qu'il connaît ses classiques sur le bout des doigts.
Mais attention, ça ne dure pas longtemps ! Très vite, Rimbaud commence à disloquer les formes classiques. Dans "Sensation", l'alexandrin devient bancal : "Et j'irai loin/très loin/comme un bohémien" 4/2/6syllabesaulieude6/6. Certains poèmes abandonnent même la forme strophique pour ressembler à des discours en paragraphes.
💡 Astuce exam : Retenez cette progression chronologique : Rimbaud maîtrise d'abord parfaitement les règles avant de les briser volontairement.
L'étape suivante ? La destruction totale ! Rimbaud développe son style oral et dissonant avec des interjections "Hurrah!","Peuh!","Merdeaˋceschiens−laˋ", du patois ardennais, et un langage carrément familier. Il parodie ses influences romantiques et parnassiennes, transforme Vénus en créature répugnante, et s'attaque aux institutions avec son antimilitarisme et son anticléricalisme virulents.
Cette évolution fait de lui le précurseur du symbolisme. Avec ses synesthésies révolutionnaires et sa poésie du quotidien banal, Rimbaud crée un univers poétique totalement inédit qui influencera toute la modernité littéraire.