Corneille, maître du mensonge théâtral
Si Dorante maîtrise imparfaitement l'art du mensonge, Corneille en est le véritable virtuose. Le dramaturge fait de Dorante une sorte de double de lui-même, un créateur d'histoires qui invente, choisit ses effets et éblouit son public.
Dans l'Acte III, Scène 3, Corneille utilise le procédé du théâtre dans le théâtre lorsque Dorante invente toute une histoire pour échapper au mariage imposé par son père. Il raconte avec habileté comment le père d'Orphise l'aurait obligé à épouser sa fille : « Me voyant pris, il faut composer ».
L'art du mensonge constitue l'unité d'action de la pièce entière. Depuis le quiproquo initial des prénoms entre Clarice et Lucrèce, tous les rebondissements et l'avancement de l'intrigue découlent des mensonges de Dorante.
Corneille utilise également le mensonge comme fonction comique à travers la double énonciation. Le public, informé grâce aux apartés de Cliton (« J'enrage de me taire et d'entendre mentir »), rit des personnages dupés sur scène. La jalousie d'Alcippe, qui croit que Clarice était à la fête inventée par Dorante, devient ainsi une source de comique pour les spectateurs qui connaissent la vérité.
Conseil : Analysez comment Corneille utilise le mensonge non seulement comme ressort de l'intrigue, mais aussi comme moyen de créer une complicité avec le spectateur.