La société comme mécanique vide et l'idéal de l'honnête homme
La Bruyère ne se contente pas de dépeindre la comédie sociale, il révèle également le vide qui se cache derrière ces apparences. Les grands de la société sont comparés à des marionnettes dénuées d'âme et de profondeur.
Dans le chapitre "Des grands", l'auteur les décrit avec une ironie mordante :
- Ils exécutent des mouvements mécaniques sans réflexion
- Ils s'animent uniquement en présence de personnes importantes
- Leurs comportements sont comparés à « ces figures de carton qui servent de montre à une fête publique »
Le personnage de Philante illustre cette mécanique sociale : malgré son esprit et son mérite, il renonce à son amour-propre pour servir son maître, agissant « sans réflexion », tel un automate.
Analyse critique : Le registre comique dans Les Caractères de La Bruyère permet de démasquer l'artificialité des relations sociales. Cette critique rappelle celle de Fitzgerald dans "Gatsby le magnifique", où la bibliothèque remplie de livres jamais ouverts symbolise le superficiel de la société.
La Bruyère propose également un modèle moral à travers ses remarques, aspirant à corriger les mœurs de ses contemporains. Ses maximes visent à promouvoir l'idéal de l'honnête homme du XVIIe siècle :
- Simple et naturel dans son comportement
- Sincère dans ses relations
- Éloigné des excès et du paraître
Dans le chapitre "Du souverain ou de la république", il esquisse le portrait idéal d'un prince qui devrait être « naturel, mesuré, respectueux » et gouverner pour « le bien de son État ».
Cette dimension morale rapproche La Bruyère d'autres auteurs comme La Fontaine, dont les fables, comme "Le singe et le léopard", dénoncent également les apparences trompeuses au profit d'une vertu authentique et mesurée.