"Le Mal" de Rimbaud : révolte adolescente en vers
"Le Mal" est un sonnet en alexandrins écrit par Rimbaud en 1870, alors qu'il n'avait que 16 ans. Ce poème fait partie des Cahiers de Douai, un recueil de 22 poèmes que le jeune poète a confiés à Paul Demeny lors de ses fugues à Douai. Ces textes ne seront publiés qu'une vingtaine d'années plus tard, malgré le souhait de Rimbaud de les voir détruits.
Dans ce poème poignant, Rimbaud dénonce avec véhémence les horreurs de la guerre franco-prussienne déclenchée par Napoléon III. La structure du sonnet se développe en quatre temps : d'abord une description sordide du champ de bataille vers1−6, puis un contraste avec la beauté de la nature vers7−8, suivi d'une critique acerbe de l'indifférence divine vers9−11, et enfin l'évocation du désespoir des mères vers12−14.
Le "Mal" que dénonce Rimbaud est double : celui des dirigeants politiques qui sacrifient des vies sans scrupule, mais aussi celui de Dieu qui permet et se réjouit de telles atrocités. Le poème est ainsi profondément antimilitariste et antichrétien, reflétant la rage adolescente du poète face aux institutions établies.
💡 Ce sonnet partage des similitudes thématiques avec "Le Dormeur du Val", autre poème célèbre de Rimbaud où l'on retrouve la nature bienveillante contrastant avec l'horreur de la guerre, ainsi qu'une composition picturale culminant sur une chute pathétique.