La justification absurde et l'indignation finale
La critique radicale du système esclavagiste
Dans cette dernière partie, Voltaire pousse sa critique à son paroxysme à travers deux éléments : la justification absurde de l'esclavage par l'esclave lui-même et l'indignation finale de Candide.
La justification de l'esclavage par l'esclave :
- Récit de la vente par sa propre mère
- Discours religieux absurde sur "l'honneur d'être l'esclave"
- Critique des contradictions religieuses : "Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam"
- Ironie amère sur la généalogie commune : "nous sommes tous cousins"
Analyse critique : La phrase "C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe" représente la signification profonde du texte - elle établit un lien direct entre le luxe européen et la souffrance des esclaves, révélant ainsi l'hypocrisie de la civilisation occidentale.
L'indignation finale de Candide :
- Rejet de l'optimisme de Pangloss "OhPangloss!s′eˊcriaCandide,tun′avaispasdevineˊcetteabomination"
- Définition de l'optimisme comme "la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal"
- Réaction émotionnelle forte "ilversaitdeslarmes"
Ce passage marque une étape cruciale dans le parcours initiatique de Candide, où il se trouve confronté à une réalité qui contredit fondamentalement la philosophie optimiste de son maître. Voltaire siècle des Lumières utilise cette scène pour démontrer l'absurdité de certaines positions philosophiques face à la brutale réalité.
En conclusion, à travers la rencontre avec le nègre de Surinam, Voltaire s'inscrit dans le mouvement des philosophes des Lumières qui critiquent l'esclavage. Ce chapitre 19 de Candide constitue un exemple parfait de la manière dont les idées de Voltaire se manifestent dans son œuvre : une dénonciation des injustices sociales par le biais de l'ironie et de la confrontation avec la réalité. Ce texte s'inscrit dans un contexte plus large où d'autres philosophes comme Montesquieu critiquaient également cette pratique, bien que l'abolition définitive de l'esclavage dans les colonies françaises n'interviendra qu'en 1848.