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Fiche Oral Bac Français - Les Fleurs du Mal Baudelaire "À une mendiante rousse"

27/06/2022

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Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, <<
A une mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la p
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, <<
A une mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la p
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, <<
A une mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la p
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, <<
A une mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la p
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, <<
A une mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la p
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, <<
A une mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la p
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, <<
A une mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la p

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, << A une mendiante rousse Blanche fille aux cheveux roux, Dont la robe par ses trous Laisse voir la pauvreté Et la beauté, Pour moi, poète chétif, Ton jeune corps maladif, Plein de taches de rousseur, A sa douceur. Tu portes plus galamment Qu'une reine de roman Ses cothurnes de velours Tes sabots lourds. Au lieu d'un haillon trop court, Qu'un superbe habit de cour Traîne à plis bruyants et longs Sur tes talons ; En place de bas troués, Que pour les yeux des roués Sur ta jambe un poignard d'or Reluise encor ; Que des noeuds mal attachés Dévoilent pour nos péchés Tes deux beaux seins, radieux Comme des yeux ; Que pour te déshabiller Tes bras se fassent prier Et chassent à coups mutins Les doigts lutins, Perles de la plus belle eau, Sonnets de maître Belleau Par tes galants mis aux fers Sans cesse offerts, Valetaille de rimeurs Te dédiant leurs primeurs Et contemplant ton soulier Sous l'escalier, À une mendiante rousse », 1861 Maint page épris du hasard, Maint seigneur et maint Ronsard Épieraient pour le déduit Ton frais réduit ! Tu compterais dans tes lits Plus de baisers que de lis Et rangerais sous tes lois Plus d'un Valois ! - Cependant tu vas gueusant Quelque vieux débris gisant Au seuil de quelque Véfour De carrefour ; Tu vas lorgnant en dessous Des bijoux de vingt-neuf sous Dont je ne puis, oh ! pardon ! Te faire don. Va donc ! sans autre...

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ornement, Parfum, perles, diamant, Que ta maigre nudité, Ö ma beauté ! 1 Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, « À une mendiante rousse », 1861 Présentation brève Le XIX ème siècle est marqué par la succession de nombreux régimes politiques qui ont bouleversés le peuple français. C'est dans ce contexte que de nombreux auteurs cherchent une issue au romantisme comme Stendhal ou Flaubert. Charles Baudelaire est un poète, journaliste et critique d'art du XIXème siècle. Il révolutionne la poésie par ses thèmes dans Les Fleurs du Mal et l'utilisation de la prose poétique dans le Spleen de Paris. Romantique, parnassien, il sera aussi le précurseur du symbolisme et inspirera des générations de poètes après lui notamment Rimbaud, les surréalistes, Yves Bonnefoy... - Son recueil de poésie Les Fleurs du Mal est publié pour la première fois en 1857 et fera l'objet d'un procès pour << outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs >>. Une seconde édition paraît en 1861 avec 35 nouvelles pièces et six sections qui retracent l'itinéraire spirituel d'une âme qui tombe, d'un esprit qui chute. En effet, spleen et idéal s'affrontent en permanence mais le poète est submergé par l'angoisse existentielle face à l'Ennui, au temps, à la solitude, à l'impossibilité à trouver un sens. Alors que la première section amorçait l'inexorable chute de l'Idéal vers le spleen, la deuxième, intitulée « Tableaux parisiens », se tourne vers les splendeurs et misères de la ville. Parmi elles, se trouve une « mendiante rousse », figure éponyme qui fera l'objet de notre étude. L'éloge de cette « fille » s'étend sur quatorze quatrains : deux heptasyllabes suivis d'un tétrasyllabe, en rimes plates. Lecture expressive Projet de lecture Il s'agit ici de montrer dans quelle mesure l'écriture de ce poème change-t-elle la perception de cette femme. Mouvements du texte Le texte peut être divisé en 4 mouvements. Tout d'abord, les 12 premiers vers sont consacré à présentation de la mendiante puis, les strophe 4 à 7 expose sa métamorphose. Ensuite, l'auteur fait l'éloge de la femme des vers 29 à 44. Enfin, les trois dernière strophe marquent un retour brutal à la réalité. Étude linéaire Avant de commencer l'étude, il est important de rappeler que la dédicace du poète est assez paradoxale. En effet, il ne s'adresse pas à une dame mais à une « fille » misérable qui n'a même pas de nom. De plus, le déterminant article indéfini « une » laisse la femme dans une obscure d'anonymat et « propre aux pauvres ». Enfin, l'adjectif << rousse >> renforce l'exclusion de la jeune fille car à cette époque, les personnes rousses étaient victimes de préjugés et associées au Diable. Le poème est ainsi le contre-pied de ces préjugés. 2 Premier mouvement - Dans la première strophe, Baudelaire interpelle la mendiante comme le montre l'impératif/apostrophe « Laisse » (v.3). De plus, il la désigne par le nom << fille >> (v.1), nom qui désignait souvent des femmes avec des moeurs très légères, souvent des prostituées. Or le mot «< fille » désigne aussi l'innocence. - Dans le premier vers, l'auteur fait une description très paradoxale de la fille avec l'antithèse qui oppose les adjectifs « blanche » (v.1), couleur de l'idéal et positive, à << roux >> (v.1), couleur associée au Diable ou à la prostitution. Elle est une femme avec des contradictions. Ensuite, le mots « trous » (v.2) met en avant sa pauvreté. Elle ne peut se couvrir. Ainsi, l'auteur ose la regarder, peut-être de manière un peu trop rubrique malgré l'éloge. - La rime entre « pauvreté » (v.3) et « beauté » montre une fois de plus une paradoxe et elle est d'autant plus saisissante. En effet, la beauté est souvent liée à la richesse. Or, Baudelaire voit du beau dans cette femme, dans le laid. Il la considère comme le montre le rétrécissement métrique du vers 4 qui souligne le mot << beauté » (v.4). Ainsi, avec un vocabulaire simple, le poète trouve du beau dans ce qui est normalement considéré comme laid. - Dans la deuxième strophe, le poème s'incruste dans le poème avec le pronom personnel tonique « moi » (v.5). Or, la formule « Pour moi » (v.5) est très subjective. L'auteur va donner son avis. En effet, il semble vouloir se rapprocher de la mendiante. En effet, Baudelaire se désigne comme être un « poète chétif » (v.5). Or, ce terme est aux antipodes de la figure du poète de l'époque. Alors qu'Hugo se fait l'intermédiaire des Hommes dans Fonction du poète, Baudelaire descend parmi les « fleurs du mal » qui poussent dans le ville : les prostituées, les ivrognes, les pauvres... Ainsi, il tutoie la mendiante << ton >> (v.6) et se rapproche d'elle avec la rime « maladif » (v.6). Il réhabilite ainsi la personne exclue et rejetée. De même, le polyptote « taches de rousseur » (v.7) insiste sur sa rousseur. Or, la << tache » est ce qui brouille la pureté du teint. Ainsi, ses cheveux, comme son corps sont mal perçus mais l'auteur tente d'accepter l'image de cette mendiante. Enfin, le nom « douceur » du vers 8 est souligné grâce au rétrécissement métrique et le déterminant possessif «< sa » désigne la perception subjective de l'auteur. Dans la troisième strophe, l'adverbe de manière « galamment » (v.9) signifie avec grâce et élégance. Il est renforcé par l'adverbe de comparaison « plus » (v.9), corrélé avec le pronom relatif « que » (v.10). Ainsi, le comparatif de supériorité << plus...que >> confère un caractère hyperbolique à l 'élégance de la mendiante. En effet, il la compare à « une reine de roman >> (v.10). - De plus, l'auteur met en avant des « cothurnes » (v.11), des chaussures de l'Antiquité dont les lacets serrent les mollets des femmes. Ces chaussures sont en « velours >> (v.11), une matière soyeuse, précieuse et agréable qui désigne la richesse et s'opposent ainsi aux « sabots lourds » (v.12) de la mendiante. En effet, ces derniers sont les symboles de la pauvreté, d'une existence particulièrement rude. La rime souligne et renforce l'antithèse. 3 Ainsi, ce poème s'inscrit dans le registre épidictique et l'auteur fait l'éloge de la mendiante. En effet, en insistant sur sa pauvreté et sa laideur, Baudelaire montre qu'il accepte son image et la sublime. Les valeurs sont ainsi inversées : le laid est beau, il y a de la richesse dans la pauvreté. La mendiante est ensuite métamorphosée par l'auteur. Deuxième mouvement À partir de la quatrième strophe, le poète s'élance sur les ailes de son imagination, pour métamorphoser la gueuse en princesse, comme dans les contes de fées. En effet, la formule « au lieu » (v.13) suggère le remplacement. Cette idée est d'autant plus renforcée par le pronom interrogatif « qu' » (v.14) et le verbe au subjonctif << traine >> (v.15) qui désignent l'irréalité, l'invention et le souhait. Il la métamorphose ainsi dans le temps à l'époque du libertinage, petit à petit dans une esthétique romanesque. D'ailleurs, le regard du poète crée un mouvement vertical, de haut en bas, qui allonge et épaissit la robe de la jeune femme, pour la vêtir de rêve, de fantasme. En effet, il oppose les adjectifs « court » (v.13) et « long >> (v.15). Ainsi, ce rêve n'est pas uniquement visuel, il est sonore, musical comme le montre l'adjectif «< bruyants » (v.15) : l'étoffe imaginée produit un bruit de riches tissus, en traînant au sol jusqu'aux « talons >> (v.16) Enfin, l'auteur veut se rapprocher de la mendiante comme en témoigne le déterminants possessif « ton » (v.16) qui suggère la proximité. L'expression << En place de » (v.17) fait écho à « Au lieu d'un » (v.13), en tête de la strophe précédente. Il s'agit bien de remplacer, par le pouvoir de l'imagination, chaque détail misérable par un luxe, une beauté liée à la richesse. Baudelaire rappelle la condition sociale de la mendiante avec les « bas troués » (v.17) qui renvoient à la pauvreté. Ainsi, le poète transforme le plomb en or comme le montre la formule « poignard d'or » (v.19). Ce poignard permet de métamorphoser la mendiante en héroïne de roman. Il évoque une fois de plus une partie de son corps : la « jambe » (v.19) qui suggère une certaine sensualité. Enfin, le mode subjonctif «< Reluise » (v.20), permet de transformer le réel misérable en songe fabuleux et l'apitoiement en admiration. Ainsi, le poète est comme un alchimiste qui transforme la boue en or. Il passe de la réalité sociale à l'univers romanesque. La mendiante est complètement métamorphosée grâce à l'éloge du poète. Dans la sixième strophe du poème, le nom « noeuds » (v.21) est polysémique et renvoie a la liberté d'une femme qui n'est pas mariée comme le montre le CCM << mal attachés » (v.21). De plus, le subjonctif « Dévoilent » (v.22) créé un effet de suspense. En effet, le COD est révélé qu'au vers 23 « beaux seins » (v.23). La femme est complètement érotisée et l'adjectif « radieux » (v.23), souligné par la diérèse, est plutôt étonnant. En effet, << radieux » se rapporte au rayons du soleil, c'est-à-dire, qui brille avec éclat. 4 - De même, la comparaison des « seins » (v.23) aux « yeux » de la mendiante est étonnante. D'ordinaire, le poète regarde les seins (et les yeux). Or, ici ce sont les seins qui semblent regarder le poète, puisqu'ils sont « comme des yeux ». Ces inversions des regards désorientent le lecteur, en le forçant à sortir de ses habitudes, de ses schémas de pensée. Ici, Baudelaire s'éloigne des images galvaudées et confère un caractère presque surnaturel à la femme. Dans la septième strophe, on retrouve une fois de plus l'anaphore du pronom relatif << que >> (v.25) qui inaugure à chaque fois un verbe au subjonctif à valeur d'irréel et de souhait. Le verbe « déshabiller » (v.25) suggère une fois de plus une part d'érotisme renforcé par l'évocation d'une partie du corps de la femme : « tes bras » (v.26). De plus, le vocabulaire religieux « fassent prier » (v.26) renforce le caractère extraordinaire de la mendiante. Ainsi, dans cet extrait, les « doigts » (v.28) des hommes deviennent des « lutins », petit êtres issus des récits traditionnels, fréquents dans les légendes celtiques. Or, bien que la mendiante imaginée par Baudelaire « chassent » (v.27) les hommes, la réalité est plus sordide pour survivre, la prostituée n'a pas d'autre choix que de laisser des mains d'hommes lui ôter ses guenilles, même si ces doigts lui répugnent. Troisième mouvement Dans les strophes 8 à 11, après avoir métamorphosé la mendiante, il fait l'éloge de cette dernière. En effet, dans la huitième strophe, la pureté est évoqué notamment grâce à la formule « perles de la plus belle eau » (v.29). Ensuite, Baudelaire évoque par la rime du vers 28 le poète de la pléiade : « Belleau >> (v.30). Cet auteur est connu pour ses poésies amoureuses. Il fut aussi le traducteur officiel d'Anacréon qui fut un poète grec qui dédiait ses oeuvres à Eros/Cupidon. Ici, Baudelaire porte un regard négatif sur ce genre de poèmes basés sur des images stéréotypés de l'amour. Ainsi, la métaphore pétrarquisante « mis aux fers » (v.31) met en avant une image stéréotypée avec le vocabulaire galant. La mendiante a une beauté qui aurait pu être décrite par mille poètes mais celle-ci s'en fiche et les rejette. Ensuite, le nom «< valetaille » (v.33) est extrêmement péjoratif : par cette métaphore, les poètes, simples, les « rimeurs >> (v.33), sont comparés à des valets qui seraient méprisés, considérés comme peu de chose par leurs maîtres. Le verbe « contempler >> (v.35) qui vient du vocabulaire religieux montre l'admiration des poètes pour la mendiante. Ainsi la mendiante, appartenant en réalité à la couche la plus basse de l'échelle sociale, devient ici (en imagination) une maîtresse tellement habituée aux poèmes d'amour qu'elle dédaignerait les poètes se consumant pour elle. Dans la strophe 10, l'anaphore de « maint » (v.37 et 38) suivit des noms << page » (v.37), << seigneur >> (v.38) et << Ronsard » met en avant la foule de personnes qui aime la fille. << Ronsard » (v.38) est une antonomase employée pour désigner des poètes dédiant leurs poèmes à leur bien aimée. Baudelaire se moque une fois de plus de ses poètes 5 - comme le montre les strophes 39 et 40. En effet, « le déduit » (v.39) est un terme littéraire ancien qui désigne le plaisir. De plus, le nom « réduit » (v.40) désigne sa chambre, ou sa misérable demeure. Baudelaire est ainsi ironique, car les poètes de la Renaissance célébraient les beautés de dames vivant dans de riches maisons, voire des palais. De plus, la rime riche souligne la paronomase entre « déduit » et « réduit », soit pour créer un contraste ironique, soit pour rappeler que cette fille est probablement une prostituée. - A nouveau, le poète se tient volontairement sur le fil, oscillant entre la poésie galante et les allusions à la prostitution de sa dédicataire. En effet, le nom « lits » est au pluriel est souligne les activités libertines de la mendiante ! En effet, la fleur de «lis » (v.42) est un symbole royal. Dans un tel contexte, l'allusion est pour le moins iconoclaste (qui casse l'icône sacré). Les Valois sont l'une des cinq dynasties qui se succédèrent sur le trône. Cette famille régna du XIVè au XVIème siècle, soit des deux derniers siècles du Moyen-Age jusqu'à la fin de la Renaissance. C'est parfaitement cohérent avec le contexte littéraire de la fine amor médiévale et des odes de la Pléiade. L'anaphore de « plus de » (v.42/44) crée une hyperbole laudative pour mettre en relief la puissance de fascination amoureuse qu'exercerait cette femme, si elle était issue de la noblesse. Quatrième mouvement - Dans cette dernière partie du poème, le poète s'adresse directement à la femme. C'est un retour à la réalité très brutal. L'adverbe « Cependant » (v.45) marque une rupture. Il est polysémique, car il exprime à la fois une opposition sémantique (de sens) et une simultanéité temporelle. La rupture est renforcée par le tiret ainsi que part le verbe très péjoratif << gueusant >> (v.45). Ensuite, le GN << vieux débris » (v.46) peut être un relief de repas, un reste, un déchet dont elle se nourrira, mais il peut aussi s'agir d'un client. Ensuite, le poète évoque les << Véfour » (v.47) qui est le nom de deux restaurants parisiens, célèbres et luxueux. Cette antonomase inscrit l'image dans la société contemporaine du poète. C'est une marque de la modernité baudelairienne, qui tranche nettement avec les allusions à l'univers de la Renaissance dépeint plus haut. La mention du restaurant chic, dont le « seuil » reste infranchissable pour les pauvres, souligne le contraste entre la misère de la mendiante et l'abondance dans laquelle les riches font ripaille. Tout le quatrain est fortement péjoratif, pour renforcer le sentiment de pitié, et peut- être d'injustice, éprouvé par le lecteur, la lectrice. Répétition de « tu vas » (v.49), exprimant le mouvement perpétuel de la « fille >>, toujours en quête de sa propre subsistance. La mendiante est si dénuée qu'elle en vient à convoiter des parures en toc, à très bas prix. La précision chiffrée, par l'adjectif numéral cardinal « vingt-neuf » (v.50), renforce la modernité du poème. Elle exprime 6 - la dureté, la froideur de cette ville où le chiffre, l'argent, prend plus d'importance que les vies humaines. Ainsi, Baudelaire profite de cette indication pour glisser une allusion à son propre dénuement dans cet univers où la culture et l'art n'ont guère plus d'importance que : la misère des gueux, le poète est presque aussi pauvre que les mendiants. Lyrisme des exclamations, et de l'interjection : « oh! pardon ! » (v.51). Baudelaire modernise le lyrisme. Il ne peut pas l'aider. - Les exclamations se multiplient, dans les dernières strophes, marquant une intensification de l'émotion ; c'est l'acmé du poème, l'apogée lyrique. - Le mode impératif « Va » (v.53) exprime un renoncement désabusé : sorti de l'Idéal imaginaire, du rêve forgé par la magie de la poésie, l'artiste retombe brutalement dans une réalité crue, impitoyable. Ainsi le poème forme une boucle, un cycle : la dernière strophe renvoie à la première, où l'on voyait la beauté de la mendiante, une beauté à peine vêtue, misérable. L'accumulation <«< ornement / Parfum, perles, diamants » (v.53/54) précédé de la préposition négative « sans » (v.53) semble ôter, une à une, toutes les parures rêvées que le poète avait offertes à la jeune femme, et à notre imagination. L'apostrophe finale traduit l'affection du poète pour la « mendiante rousse », grâce au déterminant possessif « ma » (v.55), qui fait de la « beauté » (v.56) une métonymie : la personne est désignée par sa qualité. Baudelaire détache la beauté de la morale et de la noblesse. Sa nudité est triomphante ! Petite synthèse La rêverie Baudelairienne a permis, dans une sorte d'alchimie poétique, d'inverser les signes et de, montrer la beauté de ce qui est considéré comme laid à cette époque. Il montre le contraste entre la poésie courtoise de la Renaissance et la modernité de son écriture. Mais aussi, le contraste entre la pauvreté de la muse, et sa beauté et entre sa misère réelle et les splendeurs dont l'imagination la revêt. En véritable << peintre de la vie moderne », Baudelaire trouve dans la fange, dans les marges de la société, l'or, la beauté. Il les sublime par la grâce d'une poésie mêlant aux formes classiques l'éclat du réel. Toutes ces transformations poétiques rappellent celles de Francis Ponge dans Le Partis pris des choses ou encore celles de Victor Hugo dans les Contemplations. 7