Des souvenirs mobiles : fantômes et lendemains
La deuxième strophe approfondit l'exploration intime des forêts intérieures avec l'anaphore désormais familière "Mes forêts sont...". Ici, les forêts deviennent "un grenier plein de fantômes", évoquant un espace mental où se conservent les souvenirs et les êtres disparus qui continuent d'habiter la conscience de la poétesse.
La verticalité, déjà présente dans l'image des arbres, se retrouve dans la métaphore des "mâts de voyages immobiles". Cette oxymore est particulièrement puissante : comment un voyage peut-il être immobile ? C'est précisément la nature du voyage intérieur, celui qui se déroule dans l'esprit sans déplacement physique, à l'image de la lecture d'un poème.
Les forêts se transforment ensuite en "jardin de vent où se cognent les fruits / d'une saison déjà passée". Cette image du jardin introduit l'idée d'un espace plus domestiqué, cultivé, où les souvenirs (les fruits) sont en mouvement constant. Le verbe "cognent" suggère des rencontres parfois brutales entre ces fragments de mémoire.
La notion du temps cyclique apparaît avec l'évocation des saisons et du mouvement qui "s'en retourne vers demain". Le passé et l'avenir se rejoignent dans un perpétuel recommencement, comme la nature qui meurt et renaît. Tes propres souvenirs ne font-ils pas parfois ce même voyage, ressurgissant du passé pour influencer ton futur ?