La mort de Manon Lescaut : analyse d'un dénouement tragique
Le roman Manon Lescaut de l'Abbé Prévost, publié en 1732, annonce déjà le courant de la sensibilité en plein siècle des Lumières. Ce récit scandalisera tant qu'il sera condamné à être brûlé, avant de connaître une version revue en 1753. L'histoire s'inscrit dans un ensemble plus large, les "Mémoires et Aventures d'un homme de qualité", dont il constitue le septième tome.
La scène de la mort de Manon Lescaut représente l'aboutissement tragique d'une histoire d'amour passionnée et tumultueuse. Ce dénouement n'est pas une surprise - il était annoncé en filigrane dès le début du récit, créant une attente particulière chez le lecteur. Le texte se structure en trois mouvements : l'annonce du malheur, le récit de la mort elle-même, et le sombre destin de des Grieux après la perte de son amante.
Le registre pathétique domine cet explicit qui montre l'évolution des personnages, passant de la vie dissipée parisienne à l'exil américain, puis à une forme de rédemption tragique. C'est précisément cette fin qui élève Manon et des Grieux au rang de héros tragiques, malgré leur marginalité sociale.
💡 L'enterrement de Manon Lescaut constitue un topos romanesque qu'on retrouvera dans d'autres œuvres célèbres comme "Paul et Virginie" ou, dans un style différent, "Madame Bovary".
Cette conclusion apporte la morale du roman : une condamnation de la vie frivole de Manon et de la passion excessive de des Grieux, tout en témoignant de la virtuosité narrative de Prévost. À travers les adresses au lecteur et l'utilisation de l'hypotypose (description vive et animée), l'auteur parvient à créer une scène mémorable qui restera l'un des passages les plus émouvants de la littérature française.