Le commentaire critique du narrateur
Face à l'incrédulité probable du lecteur, le narrateur intervient directement avec la formule "je me doute que vous...". Il tente d'abord d'établir une relation de confiance avec son lecteur, soulignant le pacte tacite entre celui qui écrit et celui qui lit.
Le génie de Rabelais s'exprime ensuite dans une argumentation par l'absurde. Il énumère diverses naissances extraordinaires tirées de contes, légendes et textes religieux que les gens acceptent sans questionnement. Cette comparaison audacieuse remet en cause la confiance aveugle accordée aux textes sacrés et aux autorités.
Pour renforcer son propos, le narrateur évoque un argument scientifique en référence à Pline, semblant vouloir donner du crédit à son histoire. Mais la chute est saisissante : "je ne suis pas un menteur aussi assuré qu'il l'a été" déclare-t-il, sapant ainsi toute son argumentation précédente.
🔍 Ce retournement final est la clé du chapitre : Rabelais nous invite à faire preuve d'esprit critique face à tous les discours d'autorité, qu'ils soient religieux, littéraires ou même scientifiques.
À travers la naissance de Gargantua et son commentaire, Rabelais ne fait pas que nous divertir avec une histoire burlesque. Il nous livre une leçon profonde sur l'importance de former sa propre opinion et de ne pas accepter aveuglément ce qu'on nous présente comme vérité, quel que soit le prestige de la source. Un message étonnamment moderne qui fait de ce résumé par chapitre de Gargantua un texte essentiel pour comprendre la pensée humaniste.