Un poème né de la révolte adolescente
Arthur Rimbaud écrit "Le Mal" à seulement 16 ans, en pleine guerre franco-prussienne. Étouffé par sa mère ultra-religieuse, il multiplie les fugues et se lance dans l'écriture pour exprimer sa rage.
Ce poème fait partie des Cahiers de Douais, un recueil de 22 poèmes qui révèlent toutes ses révoltes d'adolescent. Rimbaud ne mâche pas ses mots : il s'attaque directement aux puissants et à leurs guerres meurtrières.
Le contexte historique donne encore plus de force à ses mots. En 1870, la France s'effondre face à la Prusse, et le jeune poète assiste, révolté, à ce carnage absurde.
💡 Bon à savoir : Les "Cahiers de Douais" tirent leur nom de la ville où Rimbaud les a écrits pendant l'une de ses fugues !
La guerre dénoncée sans filtre (strophes 1 et 2)
Rimbaud transforme le champ de bataille en vision d'apocalypse. Avec l'anaphore "Tandis que", il crée un rythme obsédant qui martèle la violence. Les "crachats rouges de la mitraille" personnifient les armes : elles deviennent des monstres qui crachent la mort.
L'opposition entre les couleurs chaudes (rouge du sang) et froides (bleu du ciel) frappe le lecteur. Rimbaud déshumanise complètement les soldats : ils ne sont plus que des "bataillons écarlates ou verts", réduits à la couleur de leur uniforme.
La métonymie des couleurs montre bien sa technique : il ne voit plus des hommes, mais des masses qui "croulent" sous les balles. L'allitération en "R" imite même le bruit des bombardements !