Le dialogue et la sentence finale
Le troisième mouvement vers7−27 présente un dialogue argumentatif inégal. Dès le début, le loup agresse l'agneau par une question accusatrice, utilisant le tutoiement pour affirmer sa domination. Il annonce d'emblée la sentence : "Tu seras châtié", ne laissant aucune place à la discussion.
L'agneau, respectueux, emploie des formules de politesse comme "Sire" et "Votre Majesté", montrant l'écart social entre les deux personnages. Malgré sa défense logique et ses arguments rationnels, l'agneau ne peut rien contre la mauvaise foi du loup qui utilise des prétextes de plus en plus absurdes pour justifier sa violence.
La Fontaine utilise des procédés stylistiques efficaces pour intensifier le drame : les vers du loup deviennent progressivement plus courts, traduisant son impatience croissante et son avidité. Le prédateur se cache finalement derrière un "on" impersonnel et une obligation ("il faut que"), comme pour se déresponsabiliser de l'acte qu'il va commettre.
Le dernier mouvement vers28−30 est brutalement court : en trois vers seulement, La Fontaine décrit la mort de l'agneau, exécutée rapidement après un long dialogue. Cette brièveté contraste avec la longueur du débat, soulignant l'inévitabilité de cette fin annoncée dès le début et la vacuité des arguments face à la force brute.
🔍 Cette fable peut être rapprochée des "Animaux malades de la peste", autre texte de La Fontaine où l'injustice frappe également le plus faible (l'âne) malgré son innocence relative.