Le Temps destructeur
Le dernier tercet brise brutalement cet espoir naissant. Le tiret et l'apostrophe "Ô douleur!" marquent une rupture syntaxique et tonale, réintroduisant la tonalité élégiaque caractéristique du Spleen baudelairien.
Le Temps est personnifié en une allégorie terrifiante, un "obscur Ennemi" aux traits vampiriques qui "mange la vie" et "ronge le cœur". Sa dimension parasitaire est soulignée dans le vers final où il "croît et se fortifie" du sang qu'il nous prend, dans une antithèse saisissante.
La rythmique même des vers, avec ses monosyllabes et ses sonorités nasales, renforce l'impression d'effroi face à ce monstre implacable. Le passage au "nous" et au présent de vérité générale élargit la portée du poème à la condition humaine tout entière, confrontée à la fuite inexorable du temps.
💡 Paradoxe baudelairien : Bien que le poème s'achève sur un constat d'échec face au Temps, son existence même comme "fleur nouvelle" démontre que la création poétique peut, momentanément du moins, transcender cette finitude - c'est toute l'ambivalence du recueil Les Fleurs du mal.