Un corps dysharmonieux et ambigu
Le deuxième quatrain poursuit la description de cette sortie du bain laborieuse. Le connecteur "puis" marque une progression lente, comme si chaque partie du corps de Vénus émergeait péniblement. La laideur corporelle est intensifiée par des termes péjoratifs comme "gras et gris" et "larges omoplates", produisant une image peu féminine.
L'allitération en "gr" et les paronomases "gras"/"gris" rendent la lecture désagréable, mimant la disgrâce physique de cette Vénus. Son corps est disproportionné comme le suggère l'antithèse "large/court", et ses mouvements mécaniques ("qui rentre et qui ressort") évoquent à la fois sa difficulté à sortir de la baignoire et, par sous-entendu, son activité de prostitution.
Mais Rimbaud introduit une ambiguïté troublante dans cette description repoussante. La métaphore bucolique "la graisse sous la peau paraît en feuilles plates" adoucit étrangement ce tableau de laideur par sa valeur poétique. Cette tension entre répulsion et fascination esthétique se développera tout au long du poème.
🔍 Observation : Le poète joue constamment sur le contraste entre la vulgarité du sujet et la beauté formelle du sonnet, créant une tension qui captive le lecteur malgré le dégoût ressenti.
Cette description physique démontre l'habileté de Rimbaud à transformer le blason traditionnel, qui célèbre la beauté féminine, en un contre-blason qui expose cruellement les défauts d'un corps ordinaire, vieillissant et peu désirable.