Analyse du style et de la forme
"Ma Bohème" est un sonnet qui joue avec les codes poétiques traditionnels. Dès les premiers vers, Rimbaud utilise la première personne pour donner une dimension intime au poème. L'emploi des verbes à l'imparfait ("je m'en allais", "j'allais") crée une continuité dans cette errance choisie.
Les rimes sont significatives et célèbrent paradoxalement sa pauvreté. Le vocabulaire familier ("Oh ! là là !") contraste avec l'élan lyrique, créant une tension caractéristique de l'écriture rimbaldienne. Le poète utilise habilement les allitérations (comme en [r]) et les assonances (en [ou]) qui rappellent le frottement d'une étoffe, rendant le poème musical.
La structure syntaxique est remarquable, avec des ruptures qui reflètent la liberté du poète. Les enjambements traduisent ce mouvement constant. La comparaison finale des élastiques de ses souliers aux lyres rappelle le mythe d'Orphée, transformant un objet banal en instrument poétique.
Les pieds, mentionnés à la fin du poème, symbolisent à la fois le voyage et la souffrance du poète. Cette image du "pied près du cœur" illustre parfaitement l'union entre la marche physique et la démarche créative, entre la vie bohème et l'art poétique.
Astuce de lecture : Remarquez comment Rimbaud personnifie les éléments naturels eˊtoilesau"douxfrou−frou" pour créer un dialogue entre le poète et l'univers.