La déchéance de l'oiseau à terre
Dès que l'albatros est posé sur les "planches" du navire (possible métonymie évoquant aussi une scène de théâtre), il perd toute sa grâce. Ces "rois de l'azur" deviennent "maladroits et honteux" – antithèse frappante qui marque la transition brutale entre deux mondes.
Le poème est construit sur des oppositions marquées : "azur/planches", "ailes/aviron". Les ailes, atout majeur dans les airs, deviennent un handicap sur le pont du navire. L'allitération en l dans "leurs ailes blanches" mime leur encombrement. Ces appendices semblent même ne plus appartenir à l'oiseau ("à côté d'eux"), créant une image de dissociation.
La troisième strophe intensifie la dégradation de l'albatros. Les exclamations traduisent le désarroi face à cette métamorphose. L'oiseau, qualifié de "voyageur ailé", est maintenant "comique et laid". Les hommes le martyrisent : l'un lui fait fumer un "brûle-gueule", l'autre mime "l'infirme qui volait". Le rythme binaire de ces vers reflète la maladresse de l'oiseau qui titube.
🔍 Remarquez comme les termes utilisés par Baudelaire glissent progressivement vers la personnification de l'oiseau, préparant l'allégorie finale où l'albatros devient explicitement le poète.